Vision prémonitoire...
Pourquoi DSK va se planter
Par Samuel, mardi 29 mars 2011 à :: Politique :: #1796 :: rss
Dominique Strauss-Kahn ne sera jamais président de la République française. J'en ai l'intime conviction. Il ne sera jamais président car il n'arrivera jamais à se faire élire. Une campagne présidentielle est très dure, très violente et demande des qualités que DSK n'a pas, en tout cas pas assez au regard des adversaires qu'il va devoir affronter.
Commençons par les broutilles. DSK se fera certainement attaquer sur son épouse, vedette médiatique, et sur son "appétit sexuel" qui lui a valu une mésaventure au FMI (les anglo-saxons ne plaisantent pas avec ça). Ces attaques là glisseront sur DSK sans l'atteindre, car le segment d'électorat qui pourrait y être sensible (les vieux et les cathos) ne voteront pas DSK, de toute manière, et pour d'autres raisons. A Gauche, ils s'en foutent complètement des histoires de moeurs. A la limite, ce serait positif pour DSK qui pourrait se prétendre victime des tenants de l'ordre moral.
Un peu plus sérieux, son rapport à l'argent. Il va falloir qu'il dévoile l'étendue de sa fortune (et celle de sa femme), qu'il parle de sa villa à Marrakech et d'autres biens de prestige dont il dispose. C'est une exigence qui touchera tous les candidats pour 2012 (et qui sera plus forte qu'en 2007), mais c'est DSK qui risque d'avoir à s'expliquer plus que les autres, car contrairement aux moeurs, une partie de son électorat naturel (du moins celui qu'il vise) risque d'être davantage gêné par ça. Il faudra qu'il s'explique aussi sur cette vieille affaire de la MNEF, où il a été blanchi par la justice, mais qui n'a pas été soldé dans l'esprit du public. Comment peut-on toucher des sommes importantes pour des prestations de service dont il ne reste aucune trace, et qu'on a même du mal à prouver. Cela va entraîner DSK a s'expliquer sur l'activité d'avocat d'affaires, sur le rôle exact que joue un consultant, sur la légitimité de la rémunération (et de son montant) et sur les problèmes de conflit d'intérêt. La perception du public a beaucoup évolué sur ces sujets depuis 1999, ce qui rend ce terrain très glissant pour DSK.
Politiquement, il va falloir qu'il assume son bilan de directeur général du FMI. La gauche de la gauche ne va pas se gêner ! Pour l'instant, on ne sait pas grand chose, ça n'intéresse pas les français, mais du jour où il sera candidat, on va voir arriver des "témoignages" des "ravages" provoqués par l'action du FMI. Le coté social de DSK va en prendre un sacré coup. Toutes les explications rationnelles et intelligentes qui pourra proposer DSK ne pèseront rien face à l'image de cette pauvre famille grecque jetée à la rue à cause du "FMI". Ce poste de directeur général du FMI est un piège monstrueux pour un homme de gauche. DSK s'y est vautré.
Mais par dessus tout, le problème vient de DSK lui-même. Il veut le pouvoir, c'est absolument certain, mais il n'a pas envie de s'emmerder à être candidat. On l'a bien vu en 2006, lors de la campagne pour les primaires, où lui et son quasi-jumeau, Laurent Fabius, se sont fait éclater par Ségolène Royal. Ils parlaient à l'intelligence, elle parlait aux tripes. Il n'y a pas eu photo. On sent que DSK "n'aime pas les gens", qu'aller à la rencontre de l'autre, ça lui pèse, sauf si l'autre est de son milieu. En cela, DSK me rappelle furieusement Balladur. J'attends de voir DSK dans le rural profond, seul (sans ses conseillers et ses fiches), dans une ferme du fin fond de l'Auvergne, face des paysans en difficulté (vous savez, ceux qui se suicident...). DSK face de l'humain à l'état brut, face à des gens radicalement différent, je ne sais pas ce que ça va donner.
En fait, DSK a toujours évolué en vase clos, dans un milieu protégé. Il n'a jamais connu une élection difficile. En 1986, il s'est fait parachuter tête de liste en Haute-Savoie (élu à coup sur) et après, il s'est trouvé un fief de gauche, Sarcelles, le genre d'endroit où même une biquette serait élue si elle est investie par le PS. Pour affronter une campagne présidentielle, il faut avoir pas mal d'heures de vol et savoir naviguer par gros temps. Depuis 1981, tous les présidents de la République sont des "survivants", des types qui ont réussi à se relever après des échecs importants. L'Elysée, ça va se chercher, ça ne tombe pas tout rôti dans le bec...