Dans une tribune au Figaro, le ministre de l'Immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement se fixe un objectif de 25.000 éloignements d'étrangers illégaux en 2007.
Depuis plus de vingt ans, prononcer le mot « immigration » était devenu en France une manifestation d'extrémisme, de xénophobie, voire de racisme. Pourtant, le problème n'était pas l'immigration mais plutôt l'absence d'une politique d'immigration. Il fallait prendre au sérieux un enjeu fondamental pour notre destin collectif. Pourquoi un ministère ad hoc ? La création d'une entité unique par le gouvernement de François Fillon est salutaire tant les différents volets de la politique de l'immigration étaient jusqu'ici éclatés en plusieurs ministères. Pour des raisons de simplification administrative et d'efficacité politique, la constitution d'un ministère spécifique est une heureuse nouvelle. Quelle sera notre politique au sein de ce ministère ? Fermes et humains, nous développerons les intérêts économiques de notre pays tout en préservant nos convictions humanitaires. Nous devrons atteindre quatre objectifs : maîtriser les flux migratoires, favoriser l'intégration, promouvoir l'identité française et encourager le codéveloppement.
1. En matière de flux migratoires, la lutte contre l'immigration illégale restera une priorité absolue. Grâce à la politique pragmatique menée par le gouvernement précédent, sous la conduite du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, les reconduites effectives à la frontière ont augmenté de 140 % entre 2002 et 2006. Nous resterons très fermes : pour 2007, l'objectif est de 25 000 éloignements. Les étrangers « sans papiers » n'ont pas vocation à rester en France, mais à être raccompagnés dans leur pays d'origine, de manière volontaire ou contrainte.
Je sais que les étrangers devant être raccompagnés dans leur pays d'origine ont parfois des enfants scolarisés. Ma position est claire : s'il est normal que les enfants présents sur le territoire soient scolarisés, cela ne signifie pas que les parents doivent automatiquement bénéficier de papiers. Le droit à l'instruction d'un enfant peut aussi être satisfait dans son pays d'origine ; il n'a jamais entraîné le droit de séjour du parent. Prétendre le contraire reviendrait à créer une nouvelle filière d'immigration.
Dans le même temps, le droit d'asile politique, qui consiste à offrir une protection à des personnes étrangères persécutées, restera pour notre pays une exigence morale. En 2005, la France a accordé à 14 000 personnes le statut de réfugié. Pour améliorer le processus, nous raccourcirons les délais d'instruction qui, déjà passés de deux ans à douze mois, devraient pouvoir ne plus dépasser les six mois. Maîtriser l'immigration n'implique pas seulement la réguler, cela signifie aussi la choisir. Aujourd'hui, en France, seulement 7 % des titres de séjour accordés le sont pour des raisons professionnelles. À nous de mieux sélectionner les migrants et d'encourager l'immigration pour raisons professionnelles.
Pour cela, nous devons prendre en compte nos besoins économiques et démographiques qui évoluent. Ces derniers sont moins élevés que ceux de nos voisins. La France a un taux de fécondité de près de 2 enfants par femme en âge de procréer, ce qui assure le renouvellement des générations, alors qu'en Espagne, en Italie et en Allemagne, ce taux oscille entre 1,3 et 1,35, provoquant une diminution de la population active.
En revanche, en France, plusieurs secteurs d'activité, tels que le bâtiment, l'hôtellerie, la restauration, le travail saisonnier agricole, les services à la personne mais aussi l'activité scientifique, ont besoin d'une main-d'oeuvre et de talents d'origine étrangère. Sans pratiquer un pillage des cerveaux, nous devons en favoriser la circulation. Nous le savons : l'immigration zéro n'est ni possible ni souhaitable.
Si le respect de la vie de famille reste l'une de nos valeurs fondamentales, la part prépondérante de l'immigration familiale dans notre pays n'est pas satisfaisante. Afin de faire venir sa famille, l'étranger doit prouver qu'il peut la faire vivre des revenus de son travail, qu'il dispose d'un logement décent et qu'il respecte les principes républicains. Nous mettrons en oeuvre cette réforme sur le terrain. Et, conformément aux engagements du président de la République, nous réfléchissons à l'idée qu'un candidat au regroupement familial soit désormais soumis à un test de maîtrise minimale de notre langue et de connaissance de notre culture. L'intégration doit se préparer dès le pays d'origine.
2. Favoriser l'intégration est, en effet, le second enjeu de ce ministère. Depuis 2006, un étranger admis pour la première fois au séjour en France et qui souhaite s'y établir doit obligatoirement signer un « contrat d'accueil et d'intégration » lui permettant de recevoir une formation civique, linguistique et pratique sur la vie en France. Ce contrat constitue la première étape d'un parcours d'intégration qui impose notamment de respecter les principes républicains et de maîtriser la langue française pour bénéficier d'une carte de résident de dix ans. Les valeurs républicaines doivent être respectées de tous ceux qui souhaitent s'installer durablement dans notre pays. L'étranger n'est pas le seul à avoir des devoirs, l'État en a aussi envers lui. L'accès au logement, à l'éducation, à la formation et au travail doit être facilité pour permettre à celui qui souhaite s'intégrer de pouvoir le faire. Nous allons, par exemple, revisiter la politique de la ville parce que la ségrégation urbaine constitue l'un des obstacles majeurs à l'intégration.
3. Promouvoir notre identité. L'identité française est à la fois l'héritage de notre histoire et l'avenir de notre communauté nationale. La Constitution de la Ve République, à son article premier, affirme que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. » Cette notion, en devenir permanent, contribue à assurer notre équilibre national. Notre identité est une réponse à la fois à la mondialisation et aux communautarismes.
Lier immigration, intégration et identité n'a rien de honteux. Cacher notre identité à ceux qui souhaitent s'installer en France reviendrait à renier les valeurs qui ont forgé notre histoire et à accepter l'idée que l'immigration ne soit dictée que par des considérations matérielles. La promotion de notre identité ne révèle strictement aucune hostilité à l'égard des immigrés. Elle n'entame en rien la diversité, elle donne aux étrangers un guide de valeurs républicaines à respecter. L'identité nationale n'est pas un concept, c'est une boussole pour les Français et pour toutes celles et ceux qui aspirent à le devenir.
Cette identité passe avant tout par la langue qui doit être promue notamment grâce au réseau des alliances françaises déjà présent dans 133 pays mais qui sera considérablement développé et dynamisé.
4. Le codéveloppement, sans lequel une politique migratoire moderne ne se conçoit pas. L'enjeu du codéveloppement est de donner aux États du Sud et à leurs ressortissants les moyens d'avoir confiance en eux-mêmes et de construire un avenir en dehors de l'émigration.
Nous devons faire en sorte que les transferts de fonds des migrants en France vers leur pays d'origine, dont 80 % sont aujourd'hui consacrés à la consommation courante, soient davantage utilisés à des fins d'investissement productif. Nous allons, par exemple, mettre en oeuvre le « compte épargne codéveloppement » qui est destiné à mobiliser l'épargne des migrants présents en France vers des projets d'investissement économique dans leur pays d'origine.
L'aide au retour volontaire doit être proposée à tous les étrangers en situation irrégulière ayant été invités à quitter le territoire. L'aide aux migrants porteurs d'un projet de réinsertion économique dans leur pays d'origine sera favorisée et les actions de coopération conduites par les bénéficiaires de la carte « compétences et talents » seront encouragées.
Surtout, le dialogue avec les pays d'origine sera renforcé afin de généraliser les accords de gestion concertée des flux migratoires, à l'image de celui que Nicolas Sarkozy avait signé au nom de la France avec le Sénégal, à l'automne dernier.
Pour les Français et pour ceux qui aspirent à rejoindre notre communauté nationale, la création d'un ministère compétent pour l'immigration, l'intégration, l'identité nationale et le codéveloppement est une chance. Ce n'est pas un hasard si 72 % des Français interrogés ont très récemment approuvé sa création : notre pays comprend que la maîtrise et le choix de nos flux migratoires n'empêchent en rien la promotion d'une France généreuse, diverse et ouverte sur le monde.
Ce ministère, par l'audace de sa création et le courage de son action, a une ambition : permettre à notre communauté nationale de mieux vivre ensemble.
Tchooo
Dernière modification par Tribal Cams 01/06/2007 à 09h54
La plus belle chose que l’on puisse offrir aux autres n’est pas notre richesse mais plutôt leurs révéler la leur.