Salam,
Un article qui me paraît intéressant.
Il illustre le paradoxe entre le riz importé qui est vendu moins cher que le riz local.
Le Mali mise sur une "Initiative riz"
Face à la crise alimentaire mondiale, le Mali a lancé récemment une opération appelée "Initiative riz". Objectif: produire plus de 1,6 million de tonnes de riz paddy (non décortiqué) durant la campagne 2008-2009, pour la consommation nationale mais aussi pour l'export.
"L'Initiative riz est une réponse structurelle du gouvernement à la crise actuelle du riz", déclare-t-on au cabinet du Premier ministre malien Modibo Sidibé, à l'origine de ce projet lancé en avril.
Elle a été décidée pour contrer les effets de la flambée des prix des céréales au niveau mondial et en ayant en vue le maintien de cette tendance à la hausse dans le futur, explique un officiel.
Coût global: 42,65 milliards de FCFA (plus de 65 millions d'euros), dont près du quart (10,71 milliards de FCFA/16,32 millions d'euros) est destiné principalement à l'achat d'engrais et de semences.
Elle doit permettre de produire 1.618.323 tonnes de riz paddy pour la campagne 2008-2009, soit 50% de plus que l'année dernière. Une fois décortiqué, ce riz représentera 900.000 tonnes "pour les besoins alimentaires du pays", et un excédent de 100.000 tonnes pour l'export, précise un autre officiel.
Depuis le lancement de l'"Initiative riz", des responsables gouvernementaux multiplient les visites dans des zones rizicoles, dont celles de l'Office du (fleuve) Niger, dans le centre du pays, pour tenter de convaincre les acteurs de la filière.
Tidiani Berthé, vendeur de riz s'abritant du soleil dans son magasin près du marché Dabanani (centre-ville), affirme à l'AFP qu'il n'y "comprend rien".
Lorsqu'on lui explique le projet, le jeune commerçant s'en étonne.
"Comment ça, produire plus de riz ? Mais il y en a! Regardez!", lance-t-il, montrant des sacs ouverts remplis à ras bord devant le magasin, et des dizaines d'autres, fermés, empilés à l'intérieur.
Dans la grouillante rue Titi où s'alignent les magasins de ce genre, les commerçants affirment ne proposer que du riz local, surtout du "Gambiaka" et du "Jama jigui", variétés à fort rendement (6-10 tonnes/hectare, selon les agronomes) poussant dans des périmètres irrigués de l'Office du Niger.
Selon le ministère de l'Agriculture, la production de riz a été déficitaire en 2007-2008 (-37.580 tonnes sur les estimations). Mais les prévisions ont été réalisées à plus de 94% pour la production céréalière totale (près de 3,9 tonnes dont 30% de mil, 28% de riz).
"Ce n'est pas le riz qui manque, c'est le client", avance Ba Nouhoum, autre commerçant, le visage blanchi par la poussière du riz que tamise un groupe de jeunes, debout, quelques mètres plus loin.
"Moi, j'achète le Gambiaka à 360 FCFA/kg (0,55 euro). Je le fais décortiquer, transporter ici, je paie les tamiseurs et je le vends à 400 FCFA/kg (0,61 euro). Certains jours, je gagne 500 FCFA (0,76 euro) sur un sac de 50 kg. Les gens n'ont pas d'argent", dit-il.
Alou Camara, chef de famille attablé avec des amis à son domicile à Niamakoro (sud de Bamako), parle de "paradoxe" pour son pays, précédemment surnommé grenier de l'Afrique de l'Ouest. "On produit du riz qui nous est vendu plus cher que chez que ceux qui en importent!", s'énerve-t-il.
La situation au Sénégal voisin le confirme: les commerçants y sont tenus de vendre à entre 270 et 280 FCFA/kg (0,41 et 0,42 euro) leur riz importé.
Mais cette différence de prix à un coût. Le riz importé au Sénégal (600.000 tonnes par an, officiellement) est soutenu à grands frais par des subventions étatiques qui, selon les observateurs, ne devraient pas durer éternellement.
Le Sénégal ne produit annuellement que quelque 100.000 tonnes de riz, cultivé dans la vallée du fleuve Sénégal (nord) et en Casamance (sud).
31 mai 2008 - AFP
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