Badinter rappelle que tous les Français sont égaux devant la loi
PARIS — Tous les Français sont constitutionnellement égaux devant la loi "sans distinction d'origine", a rappelé l'ancien Garde des Sceaux, Robert Badinter, dénonçant sur France Inter le discours sécuritaire du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy.
"Tous les Français sont égaux devant la loi quelle que soit leur origine", qu'ils soient français de souche ou d'origine étrangère, a-t-il fait valoir.
"L'article premier de la Constitution dit que (...) la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine", a martelé M. Badinter.
Concernant d'éventuelles mesures de déchéance de la naturalisation française envisagées par l'exécutif, il a estimé qu'"on veut faire des discriminations contre les Français au regard de mêmes crimes, de même infractions, selon l'origine de la personne, selon les modalités d'acquisition de la nationalité française".
"C'est contraire à l'esprit républicain ... et c'est une faute politique parce que le coeur du problème c'est le sentiment de certains de ces Français, que M. Sarkozy appelle d'origine étrangère, de demeurer malgré leur carte d'identité des étrangers de la Nation", a-t-il dit.
Le chef de l'Etat a lancé une "véritable guerre nationale" contre la criminalité en pointant du doigt "certains" Roms et gens du voyage et en liant immigration et insécurité.
A Grenoble, il a réclamé que les auteurs de crimes contre les personnes dépositaires de l'autorité publique puissent être déchus de la nationalité française. Pour ce genre d'infractions, Nicolas Sarkozy a aussi demandé l'application de peines plancher.
Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, a même proposé d'aller plus loin en étendant les possibilités de déchéance de nationalité à l'excision, la traite d'êtres humains et la "délinquance grave".