Le président israélien Shimon Peres a averti dimanche que la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran était "plus proche qu'une option diplomatique", avant la publication par l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) d'un rapport sur l'Iran. "La possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran est plus proche que l'option diplomatique", a affirmé le président dans une interview au quotidien Israël Hayom. "Je ne pense qu'il y ait déjà une décision à ce sujet, mais l'impression prévaut que les Iraniens s'approchent de l'arme atomique. Apparemment, cela devrait se produire d'ici un an environ", a ajouté le président.
"Nous ne devons pas dévoiler à l'ennemi quelles sont nos intentions. Il faut être discrets pour tout ce qui est opérationnel", a poursuivi Shimon Peres. Lors d'une précédente interview à la deuxième chaîne de télévision privée, le président avait affirmé : "Les services de renseignements des divers pays qui surveillent (l'Iran) s'inquiètent et pressent leurs dirigeants d'avertir que l'Iran est prêt à obtenir l'arme atomique. Il faut se tourner vers ces pays pour qu'ils remplissent leurs engagements." Shimon Peres a tenu ces propos alors que l'AIEA doit publier mardi ou mercredi, selon des diplomates auprès de l'agence onusienne, un rapport sur le programme nucléaire de l'Iran.
Durcissement des sanctions
Lors d'une autre interview à la radio publique, Shimon Peres a affirmé que, selon les "signes avant-coureurs, l'Agence a en main des preuves que les Iraniens, malgré leurs dénégations, vont bien produire un armement nucléaire". "Jusqu'à présent, l'Agence avait accordé le bénéfice du doute à l'Iran. Ce rapport, s'il est publié, va lever le doute", a ajouté le président en préconisant un durcissement des sanctions "économiques et pétrolières" contre Téhéran. L'Iran a pour sa part réfuté par avance les accusations du prochain rapport de l'AIEA en affirmant qu'elles sont basées sur de "faux documents", selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, cité dimanche par la presse.
L'hypothèse d'une frappe préventive d'Israël contre les installations nucléaires de l'Iran a repris corps ces derniers jours, à la faveur de fuites organisées vers les médias d'un débat qui divise les membres du cabinet de Benyamin Netanyahou. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a démenti, lundi, des informations selon lesquelles il aurait d'ores et déjà décidé avec Benyamin Netanyahou d'attaquer l'Iran. Mais il a ensuite ajouté : "Il peut se créer des situations au Moyen-Orient dans lesquelles Israël devra défendre ses intérêts vitaux de façon indépendante, sans avoir à s'appuyer sur d'autres forces régionales ou autres."
L'opinion divisée
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé pour sa part dimanche qu'il fallait continuer dans la voie des sanctions contre l'Iran, jugeant qu'une attaque israélienne préventive "pourrait créer une situation totalement déstabilisatrice pour la région". Haaretz a indiqué dimanche, citant des responsables américains, que, lors de la dernière visite en Israël le 3 octobre du secrétaire d'État américain à la Défense Leon Panetta, Benyamin Netanyahou et Ehud Barak s'étaient contentés de répondre "en termes vagues" lorsque ce dernier leur a demandé de s'engager à coordonner avec Washington toute action contre l'Iran.
L'opinion israélienne est divisée pratiquement à égalité entre partisans (41 %) et opposants (39 %) d'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, selon un sondage. En attendant une éventuelle décision, Israël a procédé jeudi à un vaste exercice de défense passive simulant une attaque de missiles dans la région de Tel-Aviv et a tiré mercredi avec succès un missile balistique doté d'un nouveau système de propulsion. Les médias israéliens ont également fait état d'un exercice mené ces derniers jours par 14 avions israéliens en Sardaigne (Italie) pour s'entraîner à des missions "à longue distance". "Les États-Unis savent que toute attaque du régime sioniste contre l'Iran produira de sérieux dommages non seulement contre ce régime, mais aussi contre les États-Unis", a averti le chef d'état-major iranien, le général Hassan Firouzabadi.
Lepoint.fr