Neuf manifestants tués dans des affrontements à Conakry
CONAKRY - Neuf personnes au moins ont été tuées lundi à Conakry lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des milliers d'opposants au régime du capitaine Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir en 2008 en Guinée à la faveur d'un coup d'Etat militaire.
"J'ai compté neuf corps mais nous n'avons pas pu atteindre l'intérieur du stade où il y avait aussi des morts", a déclaré à Reuters Thierno Maadjou Sow, président de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme.
Les manifestants, qui étaient des milliers, se sont répandus dans les rues, attaquant les forces de l'ordre et pénétrant de force dans le stade du 28-Septembre.
Cette flambée de violence fait suite à des mois de disputes entre le jeune capitaine Camara, qui n'a pas exclu de se présenter à l'élection présidentielle prévue début 2010, et ses rivaux.
La junte guinéenne avait interdit à l'opposition de manifester au stade du 28-Septembre, déployant de gros renforts aux endroits stratégiques de la capitale.
Ce quadrillage policier n'a pas empêché des milliers de personnes de descendre dans la rue en milieu de journée.
Oumar Camara, un habitant du quartier de Dixxin, a déclaré que les manifestants avaient incendié le commissariat de police du quartier de Belle Vue.
Un autre témoin, qui n'a pas voulu donner son nom, a dit avoir vu cinq manifestants avec des blessures par balles, et la foule pénétrer dans le stade.
Durant le week-end, des milliers de Guinéens se sont rassemblés à Labé, au coeur du massif du Fouta Djalon, dans le nord du pays, pour protester contre la venue du capitaine Camara.
Sa visite s'est finalement déroulée sans incidents, les forces de l'ordre ayant déployé un dispositif de sécurité important.
Redoutant des violences ce lundi, de nombreux Guinéens avaient constitué dès dimanche soir des stocks de provisions au cas où l'agitation ne se poursuive pendant plusieurs jours.
Les bailleurs de fonds de la Guinée, de même que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui joue les médiateurs, ont invité l'homme fort de Conakry à ne pas se présenter en 2010.
L'intéressé ne s'est toujours pas prononcé officiellement, tout en confiant à des diplomates qu'il serait candidat.
La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite.
L'Express