Salam,
C'est drôle. Au moins, y a pas de chichis.
Hélàs, ce fût le quotidien de plusieurs enfants Soninkés. La TV et après expédition au lit. Des fois le temps manque.
Jusqu'à nos 10 ans, après les cours coraniques, les révisions et le diner, nous nous approchions d'une de nos grands mère, dotée d'une grande sagesse.
Elle nous disait " Xay " et nous répondions " Xay gongo foulané ".
Grand mère se mettait au boulot. Elle nous racontait de très belles histoires avec des moralités foudroyantes souvent.
2 voire 3 tours d'horloges suffisaient pour nous endormir. Nous apprenions beaucoup de ses histoires et autres devinettes.
Je me rapelle de l'orphelin Samba qui avait ramassé une marmitte qui parlait. Il monologuait sur la marmite en disant " Ke barama xa ni mané nia na yere " ( Que fait cette marmitte ici ? );
- La marmitte répondit : " Je suis serviteur de Dieu , dit moi ce que tu veux tu l'auras ". Demande moi mon nom et tu verras.
- Samba lui demanda " An toxo barama " comment tu t'appelles ?
- Le barama lui dit " Douxouli ma Douxili " ...(Donne moi un peu de ta saveur ).
- Samba redemanda " An ti fone douxini nxa ya " ... ( Donne moi un peu de ta saveur ! ).
Aussitôt dit, aussitôt fait. La marmitte lui servit un succulent plat de viande. Il remplit son ventre.
Content, il retourne dans son village et racontait les hauts faits de sa marmitte. Partout où il passait la marmite donnait à manger. Un des oreilles ( Cour du roi ) entendit l'histoire du " Barama ". Le roi convoqua toutes les marmites du royaume.
Le petit en route vers l'assemblée versa toutes ses larmes sachant que sa généreuse marmitte serait confisquée.
- Tour à tour, le roi demandait aux marmittes leurs noms. Aucune marmitte ne répondit. Arrivé à la marmitte de Samba, cette dernière dit au roi " Ntoxo douxouli man douxouli "... Et le roi demanda " Fone douxili ndi nkore " ( Donne nous à manger )..
Aussitôt dit, aussitot fait. Ils se régalèrent et confisquèrent la marmitte de Samba.
Triste, Samba rentra chez lui sans assurance de manger le lendemain.
Le matin, il va en brousse chercher du bois pour sa tante. Sur la route, il tombe sur une machette, belle et tranchante.
Il ramassa et la machette lui dit " An ti tirindi ntoxo " ( Demande moi nom au moins ).
Samba demanda le nom : " An toxo Kaffa " ( Comment tu t'appelles Machette ? ).
La machette lui dit " Mon nom c'est "Fampali ma fati "...
Samba se rappelant de la marmitte lui " Fone fati nia " ( Donne un peu de ta saveur ".
Aussitôt dit, aussitôt fait. La machette lui fit passer un sale quart d'heure. Elle le bastonna et puis lui intima l'ordre de dire " Fanka kaya, Fanka kaya ". Dés qu'il dit ce mot, la machette arrêta.
Samba comprit les codes. Il s'empressa d'aller au village et montra sa machette et demandant aux gens de s'adresser à ce dernier...
Tour à tour, la machette se mit à frapper tout le monde. Un vacarme pas possible. Content, Samba dit à un moment " Fankaya-Fankaya ".
Une des oreilles du roi eu échos de la machette magique et informa le roi, qui croyant que c'est une aubaine comme la marmite, convoqua toutes les machettes du village.
Samba fit le premier sur place. Une fois les machettes reunies, le roi commença ses interrogations. Toutes les machettes ne répondirent.
Arrivé à la machette de Samba, le roi lui dit " An toxo ".
La machette répondit " Fampali ma faati ". Le roi lui demanda " Fone fati ndi kore ". La machette les bastonna jusqu'à ce que Samba dise " Fanka Kaya, Fanka kaya "... Samba rigola et prit sa vengeance sur le roi. Il profita de la bastonnade pour s'emparer de sa marmitte et prit congé.
Depuis lors, armé de sa marmitte et sa machette est devenu intratable.