Chaque jonŋu a son histoire, je dirai même sa légende. Même si l'histoire n'est pas très rationelle dès fois, les interdits demeurent et sont scrupuleusement appliqués de part et d'autre. J'ai entendu des histoires similaires expliquant notamment pourquoi les Gajaagankos et les Haïrankos sont devenus des cousins à plaisanterie. Je vais la trouver et la posterai ici insha ALLAH!Bonsoir
Je vous mets ce récit tiré à la page 11 du mémoire de Kissima Diagana intitulé : Approche du système traditionnel de mariage en milieu soninké, Université de Nouakchott, 1990-1991. Le récit est trés instructif et nous montre pourquoi certains interdits sont encore d'actualité et là où la jalousie des coépouses peut nous mener. Il met aussi en relief la parenté à plaisentéries entre les Diagana et les Diakhité. Je pense que les Camara et les Cissés, entre autres, nous diront, dans ce thread, ce qui est à l'origine de leurs plaisentéries, car tout s'explique et tout a une origine dans dans le milieu soninké. En attendant, je vous laisse lire ce récit.
« Autrefois, deux femmes Baalunko (Diagana) vivaient dans une entente mutuelle alors qu’elles étaient des coépouses. La première possédait une autruche qui donnait des œufs d’or, la seconde une cucurbitacée aux fruits d’or. Cette plante avait poussé à travers l’ouverture d’un morceau de canaris emprunté à la première femme. Le canari servait presque de collier au tronc. Un jour, la deuxième femme déposa ses parures à l’entrée de la « salle de bain » pour se baigner. A sa sortie, elle constata que l’autruche de sa coépouse avait avalé ses parures. Furieuse, elle réclama ses bijoux et exigea que l’autruche soit égorgée à cet effet. Elle refusa du coup tout compromis qui épargnerait l’oiseau-coureur. Quant à la première femme, la propriétaire de l’autruche, constatant que sa coépouse cherchait à la ruiner, elle dut consentir, mais réclama à son tour que son morceau de canaris lui soit restitué intact. Ce qui supposait que la cucurbitacée devait être abattue. Le scandale prit une envergure telle qu’on ne pouvait trouver d’autre solution que de sacrifier l’animal et le végétal afin de restituer à chacune des deux femmes son dû. A l’issue de cette alternative une rixe ensanglantée opposa deux partis engagés par les familles respectives des deux femmes Baalunko.
Intervenant à leur tour pour clamer les esprits et faire cesser la querelle, les Kabalaanko (Diakhité-Kaba) perdirent quatre-vingt-dix-neuf de leurs. Confus et peinés, les Baalunko proposèrent aux Kabalaanko d’évaluer la diyya, c’est-à-dire le dédommagement des vies des quatre-vingt-dix-neuf. Mais les Kabalaanko auraient rétorqué qu’il était impossible de réclamer une diyya, car elle allait coûter trop chère, mais qu’à défaut ils se contenteraient de pactiser avec les Baalunko d’un pacte qui ferait que désormais ces derniers devront se considérer comme redevables de services à leur endroit.
Ce qui explique sans doute que les rapports entre Baalunko et Kabaalanko s’atténuent par des plaisanteries. Le jonŋu, pacte par le sang, interdit ensuite le mariage entre les vierges, sans doute pour éviter que les uns et les autres ne continuent à se voir le sang. Seul le mariage avec les non-vierges était attesté et permis »
Bien à tout le monde.