Article tres intéressentLa finance islamique : une alternative à la crise économique mondiale
Depuis quelques mois, voire une année entière, l’économie mondiale est plongée dans une crise inégalée. Et l’actualité internationale en a fait son miel quotidien. C’est à la suite du déclin de la bulle immobilière aux Etats-Unis d’Amérique, plus communément appelée la crise de Subprimes, que la finance internationale, fondée sur un capitalisme inhumain, a commencé à montrer ses limites. De jour en jour, la situation économique internationale va de pis en pire. Ce climat délétère se traduit par la fermeture des banques, par la cascade de plans sociaux et par la montée exponentielle du chômage. Pratiquement, toutes les contrées du monde occidental sont touchées de façon drastique par cette crise. Inutile de mentionner les pays pauvres ; ils vivent quotidiennement dans la crise, la crise est même devenue de la routine pour eux.
Pour comprendre cette crise, il faut un peu remonter au déluge. En effet, plus d’un demi-siècle, l’économie mondiale est dirigée par un capitalisme immoral, caractérisé par la spéculation, l’usure, les jeux du hasard, et tutu quanti. Bref, la philosophie principale du système financier international est fondée sur la devise suivante : « l’argent amène l’argent ». Dans la quête aveugle du profit, les règles morales, éthiques et philosophiques censées protéger le commun des mortels sont reléguées au second plan. Pour résumer et selon l’heureuse expression du philosophe André Comte-Sponville « le capitalisme ne peut être moral, ni contre la morale. Il est tout simplement amoral ». Pour corroborer davantage les propos du philosophe, le capitalisme et la morale au sens pascalien du terme « sont deux ordres différents. Vouloir les comparer, c’est tomber dans le barbarisme primaire ». En corollaire de ce capitalisme odieux, l’économie internationale est ébranlée dans ses principes directeurs. Les grands argentiers, les banquiers et les spéculateurs, imbus de leur orgueil, croyant que le système financier ne s’écroulera jamais, sont surpris. Aujourd’hui, les conséquences de cette crise se font sentir dans les quatre coins de la planète. Et l’économie mondiale peine à se relever, en dépit des multiples mesures.
Face à la persistance et à l’acuité de cette crise financière, qui ne cesse de faire des victimes collatérales de par le monde, ne faut-il pas penser à mettre en place un autre système financier fondé sur la morale et l’éthique ? La finance islamique, aux vertus humaines et morales, n’est–elle pas une alternative viable et pérenne à cette crise ? En effet, expérimentée vers les années 1970, même si les règles coraniques et les traditions prophétiques relatives à la finance sont posées il ya 1500 ans, la finance islamique n’est mise au goût du jour qu’à la suite de la montée du « pan-islamisme » et du « boom pétrolier ». Ainsi, au sommet de Lahore, en 1974, l’OCI décida du quadruplement des prix du pétrole, ce qui a abouti à la création de la première banque islamique basée à Djedda. Cette première institution a jeté la base d’un système financier fondé sur les principes islamiques. Depuis lors, l’engouement pour la finance islamique ne cesse de s’accroitre. Pendant une période relativement longue et pour des raisons cultuelles et culturelles, la finance islamique avait du mal à s’infiltrer dans les réseaux financiers internationaux, compte tenu de l’hostilité des pays occidentaux à ce modèle. Schématiquement, la finance islamique se définit comme « l’ensemble des modes de financement ayant adopté par les musulmans respectant l’interdiction de l’usure et de l’intérêt ». En termes clairs, ce modèle financier tire ses fondements du Coran et de la Sunna à travers certains versets : « Dieu a rendu licite le commerce et illicite l’intérêt » (le verset 275 de la sourate al baqarah). Le riba, c’est-à-dire l’usureest condamnée par le Coran aux chapitres 2 (sourate la vache), 3(sourate de la famille d’Imran), et 30 (sourate des Romains). Les hadiths prophétiques en font mention également.
Il existe dans la finance islamique trois techniques qui sont conformes aux préceptes du Coran et de la charia ; il s’agit de moudaraba ( le client confie ses fonds à la banque qui les fait fructifier, le profit dégagé est partagé entre les deux), de mousharaka (une sorte de joint-venture, un contrat entre plusieurs associés qui contribuent ensemble au capital et au mangement) et le mourabaha ( une forme de crédit où la banque achète un article pour le client, qui n’a pas à souscrire à un emprunt avec intérêts et lui revend ensuite en différé). Dans l’esprit de la finance islamique, toutes les parties à la transaction doivent se partager aussi bien les risques que les bénéfices. La rémunération de l’argent placé ne doit dépendre que de la rentabilité de l’actif financé. Toute rémunération déconnectée de la rentabilité de l’actif financé est à proscrire. Enfin, la finance islamique exige que les transactions soient fondées sur une activité réelle et licite. En conséquence, les secteurs comme celui de tabac, de l’alcool, du jeu de hasard, du sexe, de l’armement sont prohibés. Ces règles simples et claires qui vont à l’antipode de la spéculation, de l’usure, du riba constituent, à n’en pas douter, un remède à la situation cahotante que nous vivons.
Au-delà même de la fonction éthique de la finance islamique, elle est devenue incontournable eu égard à son apport à l’économie mondiale. Les actifs sous-gestion par des banques islamiques représentent prés de 700 milliards de dollars à travers le monde. Il y aurait, selon les études récentes, plus de 250 banques et institutions financières islamiques en activité, présents dans 75 pays ». Et le marché potentiel est estimé à 400 milliards de dollars. Le poids économique de ce marché commence à séduire les pays occidentaux. Le premier pays occidental à mordre à l’hameçon de cette finance est l’Angleterre. Il a aussi servi de Cheval de Troie pour introduire la finance islamique dans l’espace économique européen. La France, longtemps restée hostile à ce modèle, n’a plus de choix d’y adhérer pour deux raisons fondamentales ; par le nombre de clients potentiels (500.000) intéressés aux produits issus de la finance islamique et par la dictée de la mondialisation. Ainsi, le 18 décembre 2008, le Ministère des Finances et de l’Economie a adopté des textes fiscaux facilitant la promotion de cette finance. C’est dans cette foulée que le Sénateur Philippe Mariani a déposé un amendement qui fera tomber les dernières barrières à l’introduction de la finance islamique dans l’économie française. Cet amendement vise à asseoir la paternité juridique de la finance islamique en France, première fille de l’Eglise.
C’est dire que la finance islamique a le vent en poupe. Dans sa chronique décapant au journal « Challenge », Robert Rochefort affirme de n’avoir pas trouvé une réponse appropriée à cette crise dans les textes pontificaux. C’est ainsi que Vincent Beaufils, dans son éditorial du 11 septembre 2008, « Le Pape et le Coran » consacré à la crise financière, a surpris à plus d’un titre. Revenant sur le livre choc du philosophe André-Compte Sponville sur « La morale et le capitalisme », Vincent Beaufils congédie le Pape et les textes pontificaux pour inviter à lire le Coran : « C’est plutôt le Coran qu’il faut lire » écrit-il, car « Si nos banques, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n’en serions pas là ». Son argumentaire tient la route. Il suffit de voir comment les pays du Golfe ont « épousé avec succès le XXIe siècle. Leur recette miracle fondée sur la règle islamique qui « veut qu’on ne fasse pas l’argent avec l’argent ». Dans la foulée, le quotidien officiel du Vatican, L’Obsservatore a publié un article surprenant vantant les mérites de la finance islamique. « [Pour l’occident en crise], Nous pensons que la finance islamique peut contribuer à la refondation de nouvelles règles pour la finance occidentale, vu que nous sommes confrontés à une crise qui est essentiellement une crise de confiance dans le système ». Enfin, dans la Tribune de Genève du 2 octobre 2008, Jean Noël Cuénod remarque que la crise financière est avant tout une crise de foi. Il note in fine que « les confessions d’Abraham se sont tous attachées particulièrement à encadrer la puissance financière ».
Pour terminer, la Finance islamique doit être détachée de son origine idéologique pour être considérée comme une bouée de sauvetage pour toutes les contrées. Elle peut constituer une alternative économique au système financier mondial en agonie. La finance islamique est une véritable opportunité géopolitique. Si elle est acceptée, elle peut être un barrage au « soi-disant » « Choc des civilisations » dont Samuel Huntington en fut le promoteur. Mieux, elle peut créer des liens commerciaux à travers la planète, entre l’occident et le monde musulman. Enfin, elle peut s’inscrire, selon l’expression de Montesquieu, dans la logique du «du doux commerce », facteur de paix mondiale. La reconnaissance des vertus de la finance islamique mettra un peu de bémol dans les discours de ceux qui fantasment sur l’Islam sans connaitre cette belle religion. L’islam ne se résume pas seulement à l’activité de certains orthodoxes. D’ailleurs quelle religion est à l’abri de l’orthodoxie ?
Dieu n'a t-Il pas dit ceci dans le coran:"O les croyants!Craignez Allah;et renoncez au reliquat de l'interet usuraire,si vous êtes croyants.Et si vous ne le faites pas,alors recevez l'annonce d'une guerre de la part d'Allah et de Son messager.Et si vous vous repentez, vous aurezvos capitaux.Vous ne léserez personne,et vous ne serez point lésés."(s.2v.278et279)
mais une question à savoir les pays musulmants sont ils épargnés de cette crise que nous vivons actuellement