Tous les administrateurs coloniaux qui ont été en contact avec les Soninkés, ainsi que les chercheurs, quelles que soient leurs disciplines, sont d’accord pour dire que notre peuple avait été très entreprenant dans le cadre du commerce, entre autres activités.
Un explorateur du nom de Mungo Park, dans : Voyages à l’intérieur de l’Afrique, Paris, Maspero, 1980, p.55, nous dit ceci :
« Les Soninkés sont avant tout un peuple de marchands. Ils faisaient auparavant un commerce considérable d’or et d’esclaves avec les français et fournissaient les factoreries britanniques sur la Gambie. Ils ont la réputation d’être passablement justes et honnêtes en affaires, mais leur ardeur au gain est inépuisable, et ils font des profits considérables sur la vente du sel et de tissus de coton des pays éloignés »
Et, Claude Meillassoux, cet autre grand chercheur et ami des Soninkés, de dire à la page 31 de son célèbre ouvrage intitulé : Anthropologie de l’esclavage, Paris, P.U.F., 1986, d'ajouter que : « Ce serait les Soninké, tous à vocation marchande qui, indépendamment d’autres circonstances, auraient répandu le commerce au Soudan »
S’il est incontestable que les Soninkés ont été par le passé des grands commerçants, il me semble que la vedette est en passe de leur être volée, surtout dans l’immigration. Toutes les autres communautés, à l’instar des Chinois, des Pakistanais, Arabes, entre autres, tiennent des commerces dans la région parisienne et dans les grandes villes françaises. Mais les Soninkés sont absents de ce circuit qui avait pourtant été le leur et qui avait fait leur prospérité.
Selon vous, qu’est-ce qui explique cette « régression » commerciale des Soninkés dans le contexte migratoire?