Bavure de Montfermeil : deux policiers en garde à vue
Sur des images révélées ce week-end par Rue89, des policiers sont vus en train de matraquer un suspect menotté.
Deux policiers soupçonnés d'être les auteurs des violences portées mardi dernier à Abdoulaye Fofana à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ont été placés en garde à vue mardi à 9h30 dans les locaux parisiens de l'IGS, la police des polices.
Selon l'AFP, il s'agit d'un gardien de la paix de 26 ans et d'un sous-brigadier de 38 ans, en poste au commissariat de Gagny (Seine-Saint-Denis). L'IGS devra déterminer s'ils sont les policiers que l'on voit frapper le jeune homme de 20 ans dans la vidéo révélée dimanche par Rue89
La police soupçonne Abdoulaye Fofana d'être l'un des auteurs de jets de projectiles sur une voiture de police environ une heure avant son interpellation, qui a eu lieu mardi 14 octobre vers 22h00. Ce que l'intéressé nie.
Ce placement en garde à vue intervient à la suite des auditions à l'IGS d'Abdoulaye Fofana et du réalisateur qui a filmé les images, Ladj Ly, du collectif Kourtrajmé. Le second a été auditionné brièvement, et le premier pendant quatre heures trente, lundi matin. Selon l'avocat de Fofana, maître Yassine Bouzrou:« Le fait que les policiers mis en cause soient placés en garde à vue aussi vite montre que l'enquête avance très vite. Cela montre aussi que la police des polices estime qu'il y a des indices graves et concordants. »Pour le sociologue au CNRS Fabien Jobard, le fait que des policiers soient placés en garde à vue est « rarissime ». Selon Libération de mercredi, « une dizaine » des collègues des deux policiers suspectés ont aussi été entendus dans la journée de mardi par l'IGS.
Les images révélées par Rue89 montrent deux policiers frappant à quatre reprises le jeune homme, menotté, qui tombe à terre. Des images qui ont amené les enquêteurs à reconnaître, dans leur rapport de synthèse, que « les gestes effectués par les fonctionnaires de police s'apparentaient peu avec les techniques réglementaires », selon Le Monde.
D'autre part, des témoignages recueillis sur place par nos soins dès samedi laissent supposer que les violences commises par les policiers ont été beaucoup plus nombreuses.
Selon maître Bouzrou, « tous les aspects de cette affaire » ont été passés au crible par l'IGS lors de l'audition de son client: les conditions de l'interpellation, les coups, le fait que, selon la victime, un des policiers sentait le cannabis...
L'enquête de l'IGS avait été déclenchée jeudi soir par le procureur de la République de Bobigny.
Me Bouzrou déposera dans la journée deux plaintes pour violences volontaires commises par personnes dépositaires de l'autorité publique assorties de circonstances aggravantes, l'une au nom de son client (qui a eu 2 jours d'Interruption temporaire de travail), et l'autre au nom de la mère de celui-ci (6 jours d'ITT). Une dernière plainte devrait être déposée pour menaces de mort.
De son côté, l'un des policiers, qui a le pouce cassé (un mois d'ITT), a déposé plainte pour violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Augustin Scalbert, Rue89.com