Pour la génération des 40/60 ans et les générations antérieures, il faut sortir des discours et des lamentos interminables et aider l’Afrique notre mère patrie à se prendre en charge. Les 40/60 ans que nous sommes appartiennent à cette génération d’Africains nés après les indépendances sur le continent africain et je n’oublie pas ceux qui sont nés en France et qui à juste titre pourraient ne pas être concernés par le paradoxe africain vis-à-vis de son développement, même si nous savons qu’il n’y a pas une Afrique mais des Afriques avec des problématiques différentes.
Mais globalement, les problèmes restent les mêmes dans ces Afriques multiples : il s’agit de répondre aux besoins essentiels des populations en terme de santé, d’infrastructures publiques, d’alimentation, d’accès à l’eau et à l’électricité pour tous, tout en préservant les ressources pour les générations futures.
"Je profite de ce Grenelle de l’environnement médiatique pour inviter les diasporas noires et africaines à réfléchir à un Grenelle du co-développement" Lucien Pambou
C’est le message à minima des recommandations du rapport des Nations Unies sur le développement durable en 1987, concept qui va être repris par la plupart des dirigeants africains sans analyse et sans approfondissement dans les mois à venir dans les capitales européennes, à la lumière des résultats de la conférence de Grenelle sur l’environnement. Les recommandations de la conférence de Grenelle sur l’environnement seront un moyen pour ces dirigeants politiques de coller à l’actualité alors même que les recommandations de cette conférence ne sont que principielles, contestables pour certaines d’entre elles compte tenu de l’absence d’analyse sur les avantages et les coûts.
Je profite de ce Grenelle de l’environnement médiatique pour inviter les diasporas noires et africaines à réfléchir à un Grenelle du co-développement qui mettrait en liaison horizontale et verticale les politiques de développement, les dirigeants africains, les diasporas africaines, les sociétés civiles africaines et les pouvoirs politiques européens et français en particulier à un moment où l’immigration devient le point de cristallisation des incompréhensions entre l’Europe en général, la France en particulier et l’Afrique.
Le discours de Nicolas Sarkozy Président de la République française à Dakar en juillet 2007 a fait l’objet d’une levée de boucliers car trop bien compris par certains et mal compris par d’autres. Le récent voyage du Ministre Brice Hortefeux au Congo Brazzaville visant à la signature d’un accord de gestion concerté des flux migratoires et de co-développement après ceux signés au Sénégal et au Gabon en 2007 contribue à renforcer des signes d’incompréhensions entre la France et ses anciennes colonies à un moment où l’Allemagne à la différence de la France ouvre ses frontières pour des salariés étrangers qualifiés.
Certes le texte des accords de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement insiste dans le cas de la France sur la facilitation de la délivrance de la carte compétences et talents pour les travailleurs hautement qualifiés. Voici les éléments techniques de la coopération nouvelle française de l’Afrique avec ses anciennes colonies. Les diasporas africaines doivent prendre la France au mot en demandant un Grenelle des diasporas et de leur participation au co-développement pour l’Afrique. Des questions techniques se poseront comme toujours dès qu’il s’agit de l’Afrique pour désigner les associations et les personnes éligibles à ce type de table ronde. D’autres problèmes apparaîtront sur la compétence scientifique des associations et de leurs dirigeants à discuter des contrats léoniens qui unissent la France à l’Afrique depuis les indépendances.
"La plupart des associations africaines en France sont d’abord ethniques et manquent d’expertise politique, financière et économique" Lucien Pambou
La plupart des associations africaines en France sont d’abord ethniques et manquent d’expertise politique, financière et économique. Comme toujours une bataille en amont d’une conférence éventuelle sur le co-développement risque de voir le jour à propos des associations réellement représentatives ! Comment faire pour que les 5 à 6 mille associations africaines soient représentées ? Le CRAN existe en tant que fédération des associations noires ; le CRAN après deux ans d’existence apparaît comme une organisation médiatique et incontournable auprès des pouvoirs publics français. Néanmoins, l’action du CRAN a du mal à se concrétiser au plan sociologique et à être reconnue par d’autres associations autres que celles qui n’en sont pas membres.
Je propose, malgré les défauts du CRAN et sa représentation discutée des minorités noires et africaines par d’autres associations dans la société française ; que les dirigeants du CRAN réfléchissent avec d’autres associations à un vaste mouvement d’action pour promouvoir l’implication de la diaspora africaine au co-développement. Je sais que la cible du CRAN n’est pas uniquement les populations africaines, mais il se trouve que la plupart d’entre elles sont noires.
La mission du CRAN est donc là. Compte-tenu de l’incapacité des Noirs à s’entendre si ce n’est lorsqu’ils sont individuellement en situation de bénéficier des subsides et des subventions des pouvoirs publics français, certains diront que je suis naïf car les Africains en France sont incapables de travailler ensemble. Je fais le pari que c’est le défi que nous devons surmonter. Il faut arrêter de nous lamenter, de pointer les discriminations à l’infini et de dire que nous noirs en général et africains en particulier ne sommes pas aimés.
C’est un fait, une réalité et j’ai en tant que premier secrétaire général du Cran contribué à dénoncer les discriminations dans la société française. J’étais dans la problématique de la diversité passive. Maintenant, il nous faut passer à une approche de la diversité active dans la société française pour la mère partie Afrique. On me répondra que je suis un doux rêveur, malgré les déclarations de principe les Africains ne s’aiment pas, se haïssent et veulent réussir individuellement afin de mieux être considérés par les pouvoirs publics français qui au fond continuent d’être nos maîtres mentaux. Rien de plus normal, à la différence des asiatiques et des autres populations étrangères étudiant en France les Africains ne sont capables que d’une chose : la traîtrise entre eux et la dénonciation stérile de leur malheur orchestré par d’autres au lieu de se réunir et de s’organiser.
En demandant un Grenelle des diasporas et avec simplicité, je souhaite que les populations noires africaines prennent acte de la nouvelle politique de coopération, de développement et de l’immigration mise en place par le Président Sarkozy dans ses relations avec l’Afrique. Au lieu d’être défaitistes, prenons les autorités françaises au mot en leur apportant les outils théoriques, les instruments d’analyse et les pratiques possibles des politiques de co-développement.
Il s’agit pour les diasporas intellectuelles africaines de ne plus simplement réfléchir à haute voix au quartier latin, sur Africa n°1 et dans les autres radios communautaires comme RFPP 106.3, comme je le fais moi-même d’ailleurs, mais d’être plus réactif et pragmatique en demandant aux autorités françaises de tenir un Grenelle des diasporas africaines pour installer les bases d’un nouveau type de développement entre l’Afrique et la France à l’aune de la victoire politique de Nicolas Sarkozy qui appartient à la génération des quarante ans / soixante ans.
Un Grenelle de l’intelligence franco-africaine sur le co-développement est possible. Pour que ce soit possible, il faut que les membres des diasporas africaines en France ou ailleurs repartent à intervalle régulier en Afrique pour créer les conditions d’une inter connaissance avec les élites et la société civile africaine en place dans nos pays africains. C’est un projet gagnant-gagnant qui permet de nous connaître, de nous apprécier, d’être en désaccord et de tendre vers des compromis de décision et d’action pour le développement en Afrique. C’est une tâche immense, difficile mais tellement intéressante. Qui la refuse ?
Lucien PAMBOU
Professeur de Sciences économiques et sociales
Membre fondateur du CRAN Conseil représentatif des associations noires
Président de l’association DEDIP Accueil
Sourec : GRIOO.com
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Comme vous avez pu le constater le mot "GRENELLE" est en vogue en france. Je viens de lire cet article.
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