La polémique sur d'éventuelles contreparties à la libération des infirmières bulgares a enflé vendredi après la confirmation d'un contrat d'armement avec la Libye, au point qu'une commission d'enquête parlementaire devrait être créée, à la demande du PS.L'événement
L'opposition, qui avait déjà demandé des clarifications sur le rôle de Cécilia Sarkozy, épouse du président de la République, dans la libération des soignants bulgares prisonniers en Libye et sur l'accord nucléaire civil avec Tripoli, a intensifié son offensive concernant les contrats d'armement.
"Il y a un vrai problème de méthode", a jugé vendredi le Premier secrétaire du PS, François Hollande.
"Comment peut-on admettre, dans une démocratie que Nicolas Sarkozy voudrait transparente, que ce soit le fils Kadhafi qui nous annonce un contrat d'armement signé, quand le ministère des Affaires étrangères n'en sait rien et que le ministre de la Défense, lui, parle pour le moment d'une lettre d'intention", a-t-il dénoncé sur France Inter.
Il a demandé "une commission d'enquête parlementaire qui puisse faire le clair sur ce qui est de l'ordre de l'accord commercial" et "ce qui est de l'ordre d'une négociation avec un pays qui a détenu, hélas, des otages pendant huit ans".
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, s'est déclaré dans l'après-midi "très favorable" à la création d'une telle commission, qui "apportera toute la transparence sur ces questions".
Un haut responsable libyen à Tripoli a annoncé jeudi soir la signature d'un contrat de 168 millions d'euros avec MBDA, filiale du groupe européen EADS, pour l'achat de missiles antichar Milan. Selon lui, Tripoli a conclu un deuxième contrat avec EADS pour un système de communication de 128 M EUR.
Mercredi, un fils du colonel Kadhafi, Seif el-Islam Kadhafi, avait révélé ce contrat dans des propos au Monde. Interrogé sur ce point, Nicolas Sarkozy avait réaffirmé qu'il n'y a eu "aucune" contrepartie à la libération des soignants bulgares détenus en Libye.
L'avocat français des soignants bulgares, Me Emmanuel Altit, a cependant estimé qu'ils étaient devenus un "obstacle incontournable" au commerce avec la Libye, et que c'est leur libération qui ouvrait aujourd'hui la voie à la signature de contrats.
Le ministre de la Défense Hervé Morin avait assuré vendredi matin sur RTL qu'"il y a une lettre d'intention de la Libye" sur les missiles Milan et les systèmes radio, même si "les contrats ne sont pas signés en tant que tels formellement".
Il a fait état de l'"accord d'une commission interministérielle en février 2007", avant même l'accession de M. Sarkozy à l'Elysée.
EADS a précisé que le contrat sur les missiles Milan est "finalisé" après "plus de 18 mois" de négociations, et qu'il est "en attente de la signature du client libyen". Le contrat Tetra est "en voie de finalisation".
Devant la polémique, les autorités françaises se sont efforcées de calmer le jeu. Le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, a souligné au Parisien/Aujourd'hui en France qu'"il n'est pas interdit aux entreprises internationales d'armement de commercer avec la Libye".
Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a jugé la polémique "un peu dérisoire de la part du Parti socialiste", tandis que M. Morin se disait "atterré" par des "opérations politiques de démolition" conduites par l'opposition.
France24