Discrimination raciale: Renault doit payer 249.900 euros à un ex-cadre
LIBERATION.FR
Pour avoir discriminé un cadre, Boubakar Soumaré, Renault devra lui verser 249.900 euros de dommages et intérêts. La sentence est tombée vendredi dernier. La cour d'appel de Versailles a condamné l'entreprise Renault pour discrimination raciale.
Engagé en août 1970 par la Régie nationale des usines Renault comme cadre stagiaire, Boubakar Soumaré avait obtenu un contrat à durée indéterminée en janvier 1971, selon le Mrap. D'après Fayçal Megherbi, conseiller juridique de l'association, le salarié avait constaté une stagnation dans l'évolution de sa carrière dès la sixième année.
«Performance individuelle insuffisante»
Il avait porté l'affaire en 2003 devant le conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt au moment de prendre sa pré-retraite. Débouté deux ans plus tard, l'ancien salarié avait alors fait appel de cette décision. «C'est une première dans les annales. Jamais encore une entreprise n'avait été condamnée pour discrimination d'un cadre», remarque le conseiller juridique du MRAP, qui salue l'arrêt rendu par la cour d'appel de Versailles.
Selon un porte-parole de la direction de Renault, Boubakar Soumaré a occupé cinq postes différents entre 1971 et 1998, notamment comme chargé d'études ou chef de projet. D'après le porte-parole, qui réfute les accusations d'ordre racial, la faible évolution de salaire de cet employé au cour de sa carrière s'explique par une «performance individuelle insuffisante.»
Le constructeur automobile devra également verser 3000 euros de dommages et intérêts à la CGT-Métallurgie, à l'UG des ingénieurs, cadres et techniciens CGT, ainsi qu'au Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (Mrap), selon une source judiciaire.
«La cour de Versailles a ordonné une expertise qui a révélé de vraies différences de salaires entre le plaignant et d'autres salariés titulaires de diplômes équivalents, remarque Nadège Magnon, avocate du MRAP dans cette affaire, et elle a constaté que l'entreprise Renault n'avait aucune justification ojective pour cette différence de traitement.»