Francis Wurtz, président du groupe Gauche unie européenne-Gauche verte nordique au Parlement européen, réagit au discours du chef de l’État.
Au travers du discours du président de la République devant les ambassadeurs, peut-on parler d’une évolution de la politique étrangère de la France ?
Francis Wurtz. Je viens de prendre connaissance du discours de Nicolas Sarkozy. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’accent mis sur les thèmes de prédilection de l’actuel président. La confrontation entre l’islam et l’Occident, les flux migratoires. Parmi les menaces évoquées il y a le terrorisme, la prolifération nucléaire, la criminalité. Mais à aucun moment il n’évoque la banalisation de la guerre comme un moyen de régler les problèmes du monde, de la part des États-Unis notamment, ou l’inertie de la communauté internationale face au conflit le plus déstabilisant de la planète, celui du Proche-Orient. Ou encore la complaisance des États-Unis et de leurs alliés les plus proches vis-à-vis du premier responsable de ce conflit, Israël. Autre impression, c’est le penchant pour les solutions militaires, les références multiples à l’OTAN.
Pour le reste, il enfonce une porte ouverte en disant que les dirigeants de ces vingt dernières années n’ont pas réussi à créer un nouvel ordre planétaire. Mais quelles leçons en tire-t-il ? Quelle rupture propose-t-il par rapport à ce qui a été fait ? On ne le voit pas.
Nicolas Sarkozy fait de la construction européenne la priorité absolue de sa politique étrangère. Que pensez-vous de ses annonces sur ce sujet ?
Francis Wurtz. Il part d’un constat dont il sait que tout le monde le fait, c’est sa méthode habituelle : « l’Union européenne est perçue comme une courroie de transmission des excès de la mondialisation ». Mais il ne propose aucune rupture avec les orientations fondamentales de la construction européenne, bien au contraire. Il considère le traité modificateur, le nouveau traité européen, comme quasiment adopté. Et il propose simplement, en complément, l’étude des conclusions d’un groupe d’une douzaine de sages européens de haut niveau. Ses priorités sont l’immigration et, certes, l’environnement et l’énergie. Mais il ne dit pas un mot sur le social et l’économie, sur la démocratie, qui sont pourtant les problèmes au coeur de ce sentiment justifié des Français vis-à-vis de la construction actuelle de l’Europe. Et là encore, un accent très fort est mis sur la défense européenne, le renforcement de la défense européenne, et ce qu’il appelle « la complémentarité de l’Union européenne avec l’OTAN ». Il l’illustre par l’expérience de l’Afghanistan et du Kosovo. Les succès de ces deux interventions militaires ne sont pourtant pas éblouissants. Il propose « une nouvelle stratégie de sécurité prolongeant celle de 2003 ». Cette stratégie de 2003 que dit-elle ? Que « nous devons développer une culture stratégique propre à favoriser des interventions précoces, rapides et, si nécessaire, vigoureuses. (…) En oeuvrant de concert, l’Union européenne et les États-Unis peuvent constituer une formidable force au service du bien dans le monde ». Il y a donc encouragement à une orientation particulièrement nocive de l’UE. Enfin, il instrumentalise l’ambition affichée de la France en Europe pour justifier sa politique intérieure.
Cette orientation vous semble-t-elle préoccupante ?
Francis Wurtz. Dangereuse ! Elle trouvera du répondant parmi des dirigeants européens et les dirigeants des États-Unis. Il y a une particulière faiblesse, surtout venant de la France, pour ce qui concerne le Proche-Orient. Nicolas Sarkozy proclame que la France ne se résigne pas à la situation au Proche-Orient. Mais il ne formule aucune proposition concrète. Il pointe simplement que la situation empire - ce que tout le monde sait. Il ne dit rien des changements à entreprendre pour sortir de cette dramatique impasse. Au total, les peuples sont en droit d’attendre de la France une tout autre contribution à l’évolution du monde.
Propos recueillis par Olivier Mayer
Source : Humanité.fr
Dernière modification par Hadiya WAGUE 29/08/2007 à 12h17
Les valeurs qui font de moi ce que je suis sont tirées des valeurs du Sooninkaaxu. Ces valeurs sont mes repères…
Nul bien sans peine !!!