Une organisation touarègue appelle à traduire le Mali devant la Cour Pénale Internationale

La Cour pénale internationale, les Nations Unies, l’Union européenne -et qui d’autre encore ?- seront saisis pour statuer sur la rébellion touarègue au Mali et Niger et aussi et surtout pour «établir les responsabilités des massacres» commis par ces deux Etats sur le peuple touareg et «afin de traduire les auteurs devant les juridictions internationales compétentes».

C’est du moins ce qui ressort d’une démarche qu’aurait entreprise une organisation courageusement anonyme appelée «Internationale Touarègue». Une organisation qui parle de «massacres et tortures perpétrées contre la population touarègue » et de «libération immédiate de tous les détenus politiques ».
Résolument anonyme, ladite organisation s’est risquée à une analyse peinte en noir de la situation dans le Nord qui prévaut dans les deux pays. Une analyse alarmiste qui parle de tout, sauf des attaques, des enlèvements, de poses de mines antipersonnelles ou encore de trafic de drogue et de marchandises de toutes sorte.
Tout se passe donc comme si, le Mali et le Niger s’attaquent impunément à un peuple innocent et pacifique. Un peuple touareg, pas méchant pour faire du mal à une mouche mais sur lequel s’abattrait tous les malheurs du monde.
Dans un prototype de Résolution qu’elle dit proposer à ces organisations internationales, «Internationale touareg» croit même savoir que les deux Etats dénient aux touaregs jusqu’à leur «citoyenneté» de Maliens ou de Nigériens. Au Mali où le brassage ethnique est une réalité depuis des siècles, l’anonyme association parle d’ «exactions et persécutions perpétrées sur des bases ethniques voire raciales».
«Internationale touarègue» ne se préoccupe même de l’effet inverse que pourrait avoir le parti pris manifeste ainsi fait dans une crise où elle n’est nullement pas partie. Sauf à admettre, enfin, que «International touarègue » est partie intégrante de cette nébuleuse de terroristes qui travaille à s’accaparer de cette partie du pays. Auquel cas alors, cette organisation mériterait un traitement spécial. Mais les autorités ont également le choix de laisser courir ces calomniateurs qui entretiennent l’illusion de connaître la situation mieux que les Nations Unies et l’Union européenne réunies.
C’est le lieu de rappeler qu’en début de ce mois de juillet, des élus et notabilités touaregs du Mali s’étaient rendus à l’Union européenne où ils sont allés démonter les insinuations en cours contre notre pays.
Pour terminer, faut-il enfin rappeler que nous avions appeler en son temps à lancer un mandat d’arrêt international contre le terroriste en chef au nord-Mali. A l’époque nous ne pouvions nous imaginer qu’une association en viendrait à demander «d’établir les responsabilités des massacres au nord du Niger et du Mali, afin de traduire les auteurs devant les juridictions internationales compétentes»
Belco TAMBOURA

«Aux Nations-Unies, au Parlement européen, au Tribunal pénal international
A- Considérant que les massacres, assassinats et arrestations arbitraires à l’encontre de la population touarègue, conduisant à un exode massif des civils, continuent malgré les démentis des gouvernements du Niger et du Mali ;
B- Considérant que ces exactions et persécutions sont perpétrées par des armées «nationales» sur des bases ethniques voire raciales ;
C- Considérant les rapports alarmants publiés à plusieurs reprises par Amnesty International et des ONG locales, notamment après les massacres de Tézirzaït,Tédak, Tamazlak, Tidène, Gougaram, Arharouss au cours desquels plus de 100 civils ont trouvé la mort dans le Nord Niger, de février 2007 à ce jour ;
D- Considérant les assassinats d’officiers touaregs au Mali et de prisonniers de guerre au Niger ;
E- Considérant que des centaines de Touaregs arrêtés arbitrairement continuent d’être emprisonnés sans procès depuis plus d’un an au Niger et au Mali ;
F- Considérant le détournement par les gouvernements de l’aide alimentaire destinée aux réfugiés touaregs ;
G- Considérant la situation alarmante de nombreux réfugiés touaregs dans plusieurs pays : Algérie, Burkina Faso et Mauritanie ;
H- Considérant la pression exercée arbitrairement sur les civils par une militarisation excessive des régions du Nord du Mali et du Niger ;
I- Considérant la non application par les Etats malien et nigérien de multiples accords de paix signés depuis 1991 ;
J- Considérant les entraves caractérisées à la liberté de la presse, la fermeture des ONG dont MSF au Niger ;
K- Estimant qu’il y a là risque de génocide contre tout un peuple ;
L- Estimant que tout peuple a le droit à l’autodétermination et a le droit de prendre en main son destin ;
1-Condamnons sans réserve les massacres et tortures perpétrées contre la population touarègue et demandons la libération immédiate de tous les détenus politiques ;
2-Demandons que soit constituée une commission d’enquête internationale afin d’établir les responsabilités des massacres au nord du Niger et du Mali, afin de traduire les auteurs devant les juridictions internationales compétentes ;
3-Demandons aux Nations Unies, à l’Union Européenne, au TPI et à l’Union Africaine de prendre en compte ces violations des droits de l’Homme dans la mise en oeuvre de la Convention de Lomé 4, conformément à son article 5 ;
4-Demandons aux autorités nigériennes et maliennes de lever le blocus imposer aux régions du nord et de permettre à nouveau la circulation des biens et des personnes d’origine touarègue et de reconnaître tous les Touaregs comme des citoyens à part entière au sein des Etats ;
5-Estimons nécessaire d’accorder une autonomie aux régions du nord du Mali et du Niger, ainsi qu’un partage des richesses et du pouvoir dans le sens d’une décentralisation telle que reconnue dans les constitutions de ces deux pays;
6-Demandons l’arrêt de l’expropriation sauvage des nomades de leurs terres par les états au nom de l’exploitation de l’uranium et le pétrole ;

La présente résolution sera transmise à la commission des Droits de L’Homme aux Nations Unies, au Parlement Européen, au tribunal Pénal International, aux gouvernements africains concernés ainsi qu’aux ONG internationales.


Source : l’Observateur (Mali)