Ce document n’est pas exhaustif mais se veut une contribution à la connaissance de l’esclavage et des pratiques esclavagistes en milieu soninké. Dans la société soninké, les noms de famille sont un premier indicateur du statut social. Tous les noms de famille à consonance bambara comme Traoré, Diarra, Coulibaly, etc. sont assimilés à des esclaves ou des descendants d’esclaves, même si nombre de familles n’ont jamais connu la servitude.

Par ailleurs, si aucun maître n’ose faire travailler son esclave sans son consentement au Fouta, ce dernier reste encore soumis, chez les Soninké, au service de son maître. A Agoueïnit, par exemple, un maître continue à faire travailler ses esclaves notamment dans les travaux agricoles en période d’hivernage jusqu’à la fin des années 90. Ces esclaves aujourd’hui libres, continuent pour certains d’entre eux à cultiver pour leurs anciens maîtres. Ainsi, le type de relation qui se rétablit entre maître et esclave est profondément enraciné et, très souvent, les personnes tenues en esclavage dans le passé et leurs descendants continuent à être victimes de discrimination dans tous les cas, l’esclave ou son descendant continue à vivre dans la marginalité sociale et politique. Il y a une véritable discrimination fondée sur le statut social.

Au niveau social, ils ne sont jamais associés aux décisions du village et se contentent plutôt de les exécuter. Au niveau politique, les dernières élections municipales et législatives ont mis à nu le système social au Guidimakha. Le pouvoir politique se confond avec la chefferie traditionnelle. Ne peuvent être maires ou députés que les candidats issus de familles régnantes. Les descendants d’esclaves et les artisans sont exclus du jeu politique. Cette logique a engendré des situations conflictuelles dans plusieurs localités notamment à Sélibaby, Bouanze, Boully et Diadié Biné où des descendants d’esclaves et des artisans ont brigué les différents postes électifs. Le pouvoir politique, en l’occurrence celui de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, qui a toujours nié l’existence de l’esclavage, s’est fortement appuyé sur cette hiérarchie sociale esclavagiste pour promouvoir les cadres de la société soninké. L’intégralité : Au secours des Haratine:SOS-Abolition: A-t-on déjà vu un descendant d’esclave soninké ministre ou maire ?