Un articile du cousin Ousmane Diagana qui s'attaque ouvertement à la peine de morts des pauvres et des sans-bras-longs en Mauritanie. On sait très bien que l'introduction de la peine capitale ne touchera que les faibles, alors qu'il y aura de ce que j'appelle morts-vivants qui circuleront dans des voitures de luxe et qui continueront en toute impunité à spolier le peuple et à dilapider le bien de l'Etat. C'est dire ô combien je suis d'accord avec l'analyse de Monsieur Diagana.
Post-scriptum : Oser dire non à la peine de mort en terre d’Islam
11-10-2010
Ne plus tuer les hommes au nom de quelque justice que ce soit. Tel serait le souhait le plus ardent des initiateurs de la coalition mauritanienne contre la peine de mort née en Mauritanie depuis dimanche 10 octobre 2010.
Devant eux, l’écueil de la religion. Même si depuis plus de 25 ans la chari’a, prescrivant entre autres la peine capitale dans le droit mauritanien, n’a pas été appliquée, il appartiendra aux défenseurs du « droit à la vie » de convaincre le Législateur et les décideurs à bannir des textes régissant la vie civile en Mauritanie toutes dispositions aménageant l’applicabilité de la peine capitale. Et partant, il leur faudra trouver tous les arguments susceptibles de les mettre en position de force face aux rigoristes religieux.
Comment en effet soutenir sans hypocrisie le principe d’une opposition à la peine capitale lorsque l’on est musulman convaincu que le Coran prescrit la loi de talion comme sanction?
Pour le moment aucun érudit de la place ne fait partie des coalisés contre la peine capitale. Les figures de la lute pour les droits de l’homme qui s’y affichent ont des arguments mais sont souvent freinés par le dilemme entre l’intangibilité des « limites » fixées par la croyance et la « suprématie » des valeurs universelles.
Entre la charia comme enseignement divin et le droit moderne qui s’insurge contre toute forme de sanction affligeante et handicapante, il y a un pas qu’il ne faut franchir qu’avec une dose complète d’audace. Mais au-delà de la complexité, peut-être de l’impossibilité, de la mission, que se fixe ce rassemblement de bonnes volontés issues de la société civile, c’est du principe même de la prononciation contre la peine de mort qui reste sujet à réflexion.
Beaucoup sont prompts à dire : « je suis contre la peine de mort par principe.» Et sans savoir sur quoi ils fondent ce principe, beaucoup dégainent les citations d’un Victor Hugo, d’un Albert Camus ou de je en sais quel autre grande figure de la littérature politique de l’époque moderne. Or, il est question de conviction indépendamment de tout encombrement idéologique, sociologique, religieux...
Comment en plus être au même niveau de conviction qu’un Victor Hugo, témoin de grands mouvements de révolution en France et engagé contre toutes les formes d’injustices que les tribunaux de son temps ont infligées à des misérables ?
Comment surtout être un homme révolté comme Albert Camus, l’homme qui, pour avoir vu la barbarie humaine en action durant le siècle de la peur, s’est insurgé contre toute existence transcendante ? Où même comme un Jean-Paul Sartre, cet expérimentateur de la liberté jusque dans ses extrêmes limites et extravagances ?
Rien que des questions, certes. Mais il s’agit de se garder de heurter une certaine mentalité, en Mauritanie notamment, selon laquelle seuls les muftis ont le droit de décider de la compatibilité des principes imposés par la modernité avec la religion de la cité.
Et même s’il fallait s’en tenir à la prescription islamique en matière de peines (ou houdoud), il est clair que très rarement, les conditions d’exécution de celles-ci ont été remplies. Combien de fois des hommes ont été tués sans que leur culpabilité n’ait pu être établie, combien d’hommes ont été mutilés pour vol sans que l’on ne soit parvenu à déterminer les raisons de leurs forfaits ? Combien de femmes ont subi la flagellation ou la lapidation, ici ou ailleurs, alors qu’elles ont été violées et forcées?
Il s’est trouvé dans l’histoire de l’Islam des hommes comme Oumar Ben Khattab et Oumar Ibn Abdel Aziz qui ont pris des décisions humainement justes. Le premier avait condamné l’esclavage et suspendu la mutilation des voleurs en période de disette. Le second avait dicté avant de mourir que l’on ne coupe jamais la main d’un esclave pris en flagrant délit de vol avant que l’on ne sanctionne son maitre ; entendant que ce dernier serait le vrai coupable pour avoir affamé son servant.
De mémoire de mauritaniens, en dehors des cas d’exécution de la chari’a, le pouvoir a fait passer aux armes deux groupes de dissidents : les insurgés d’un certain 16 mars 81 conduits par le colonel Kader et les 3 officiers négro africains exécutés en 1987. De tels exemples d’application de la peine capitale sont loin de servir la religion. Car comme l’a dit un intervenant durant le lancement de la coalition, beaucoup de pouvoirs du monde arabo-musulman ont pris l’argument religieux comme prétexte pour régler des comptes à leurs ennemis.
Ont échappé à la peine capitale, les auteurs de la tentative de putsch de juin 2003, car à leur procès, la société civile, notamment, a fait un plaidoyer soutenu pour dire « ne tuez pas nos enfants ».
Ont été condamnés à mort mais pas encore exécutés, les présumés auteurs de l’assassinat des touristes français. Et paradoxalement, la France, pays ayant aboli la peine capitale depuis plusieurs années s’est dite réjouie d’une telle décision de justice. Alors, que faire du « je suis contre la peine de mort par principe » ?
Kissima
La Tribune N°520 du 11 octobre 2010
Dernière modification par Cheikhna Mouhamed WAGUE 13/10/2010 à 21h07
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