L’anathème inhérente à l'histoire des papiers
En France, comme aux Etats-Unis et au Canada, l’histoire des papiers jette l’anathème sur certaines familles soninkées qui respectent ou non les gens qu'en fonction de leur situation administrative. Le malheur est que certains parents inculquent très tôt à leurs enfants, surtout à leurs filles, que la seule raison qui peut pousser un « sans-papiers » à se marier avec elles, c’est d’avoir des papiers. Et malheureusement, certaines filles, n'étant pas trop futées d’un point de vue moral, prennent cette information à double tranchant comme un sacerdoce, une vérité d’Evangile ou sacro-sainte, pour retarder l’échéance du mariage. Et très souvent, le fait de donner cette information à sa fille sans nuancer ses propos retourne contre le parent. Car la fille qui est d’une intelligente légère rejettera tous ses semblables et finira par présenter aux parents un certain Zambien, Kofffi ABEGBO, si ce n'est pas un Thierry, pour un éventuel mariage. C’est là que les parents, peu prévenants, réaliseront leur erreur. Pour tenter de rectifier in extremis le tir, ils diront à la fille autant te marier avec untel, même s’il n’est pas administrativement en règle, qu’avec ce gars bizarre qu’est Koffi. La fille qui a grandi avec l’idée que tous ses cousins et parents cherchent des papiers, en se mariant avec elle et qui, sans doute, avait appris à connaître clandestinement son Koffi, prendra la poudre d’escampette avec lui en allant consacrer leur union à la Mairie, au grand mépris de la religion, de la culture soninkée et à la grande honte de ses parents immigrés qui sont en réalité à l’origine de la situation.
C’est pourquoi, actuellement, certains jeunes Soninkés, remplis de principes et de fierté, parce qu’étant bien nés et ayant grandi dans la force de l’humanité, se plaisent et se complaisent à s’abstenir de contracter des unions avec les filles nées ou ayant grandi dans l’immigration. En tant que modeste observateur de la société soninkée, je note qu’il est bien dommage que de telles suspicions matrimoniales se soient installées entre les jeunes filles et garçons soninkés dans un contexte migratoire, où nous nous devons de resserrer nos rangs pour la survie de notre identité. C’est vraiment un point peu reluisant de l’immigration soninkée.
La jalousie, une autre résultante de l’immigration !
Cet autre aspect est très triste à souligner. Quand on vit dans un cadre migratoire, on est souvent sollicité, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose, à condition que les sollicitations soient dans l’ordre du possible. D’aucuns, pensant qu’une fois que tu es en occident, tu es à même de les aider eux aussi à y venir. Mais dès que tu leur parles de la vérité toute nue, à savoir de ton incapacité à les aider dans cette entreprise –surtout au niveau du visa-, voilà que tu es désormais traité maladroitement d’égoïste et de méchant, pour ne pas dire plus.
Un autre fait beaucoup et beaucoup plus regrettable est à souligner. Parfois lors de ton séjour au pays, tu as comme impression que les gens avec lesquels tu as fait toute ton enfance et/ou toute ton adolescence dans la sympathie t’en veulent et te fuient, et cela, sans doute par jalousie ou par complexe. Tu as beau les courtiser, mais tu sens toujours qu’il y a quelque chose qui ne cloche plus dans vos relations et rapports. Rien ne justifie une telle attitude malveillante. Ce n’est pas parce que quelqu’un a émigré pour des raisons professionnelles ou d’études où qu’il a réussi que l’on doit afficher à son égard une telle attitude digne d’un autre âge.
Pour conclure, je dirai un mot : l’un des objectifs de soninkara.com est effectivement de nous aider à surmonter nos difficultés et nos apories pour que notre société en sorte grandie, où qu’elle puisse se délocaliser, comme c’est le cas de la diaspora soninkée à travers la France. En énumérant tous ces points, ce n’est pas dans mon objectif de m’en prendre à qui que ce soit où, en un mot, d'anathémiser la société soninkée, ma raison d’être, mais, bien au contraire, de montrer et de demontrer, sans langue de bois, que ces médiocrités sociales et sociétales existent bel et bien et qu’elles doivent être évitées. Pour finir, ne nous enseigne-t-il pas l’adage que « qui aime bien, châtie bien ».
Bien à tout le monde.