L’une des grandes caractéristiques de la société Soninké, depuis la nuit des temps est la mobilité des hommes. Cette mobilité, synonyme d’émigration, peut revêtir plusieurs caractères. En effet, temporaire ou saisonnière, l’émigration, pendant longtemps est pratiquée en direction des centres urbains ou vers le bassin arachidier dans le cas du Sénégal. A partir des années 1970, la raréfaction de la pluviométrie rend nulle la pratique de l’agriculture, de l’élevage, principales activités. Dès l’instant, l’émigration a diversifié ses destinations et se fait en direction de la France, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Congo, etc.….
Aujourd’hui, force est de constater, selon une étude effectuée à Nara au Mali, en juin 2003 par Fews Net/USAID, il a été mise en évidence que la migration est la première source de revenus monétaires chez les Soninkés, comparativement aux bambaras, maures, peuhls. Les autres activités notamment l’agriculture, l’élevage, le commerce, etc.… participent à une moindre échelle à la couverture et la satisfaction des besoins des familles. L’étude révèle que le taux de participation de l’agriculture à la prise en charge des besoins de la famille, chez les Soninké et peuhl est d’environ de 5 % alors qu’il gravite autour de 10 à 15 % pour les maures et les bambaras. L’élevage quant à lui, est situé entre 20 à 40 % chez les Soninké et les maures alors qu’il est de moins 60 à 60 % chez respectivement les bambaras et les peuhls. L’émigration, par contre, de moins 10 à 20 % respectivement chez les peuhl et les bambaras passe de 40 à 60 % chez les maures et les Soninkés. Ces chiffres sont très révélateurs.
En plus des aspects positifs déjà soulignés par Cheikhna, notamment l’amélioration du cadre de vie des populations (construction d’infrastructures sanitaires, scolaires, de lieux de cultes, d’adduction d’eau potable, de mise en place de stocks céréaliers communautaires et divers, renforcement des solidarités, raffermissement des liens sociaux ici et ailleurs, etc…), il faut souligner que le foncier bâti est devenu de plus en plus conséquent dans certaines zones de la vallée et, cela grâce aux revenus issus de l’émigration. Dans ces zones, une gamme de services variés accompagnant l’artisanat de construction est apparue, menuiserie de bois, métallique, soudeur etc. s’installent et occupent une certaine main d’œuvre. Dans la même lignée, certaines localités changent de statue administrative (Waoundé, Diawara, …) sont érigées en communes rurales avec de fortes possibilités d’avoir des sources de financement sur la base de la taxe sur le foncier bâti. Au plaisir de vous lire, nous passons la main à d’autres en attendant de revenir sur d’autres aspects.