Citation Posté par Cheikhna Mouhamed WAGUE Voir le message
Bonsoir

On peut valablement remarquer que les immigrés soninkés, qu’ils soient en France, au Congo, aux Etats-Unis, entre autres pays d’immigration, restent profondément et admirablement attachés à leurs territoires d’origine et au reste de la famille qui y vit.
Des projets bénéfiques en direction de ces villages, toujours d’actualité, leur donnent une image améliorée. Et aujourd’hui, les enfants nés dans l’immigration s’activent autour des projets pour sortir leurs villages d’origine de la léthargie économique et de l’enclavement.
On voit aussi que les familles immigrées vivent l’absence d’aucun membre de la famille au village comme un affront et une extinction du lignage.

Selon vous est ce que c’est ce que Sayad appelle « la faute de l’absence », c’est-à-dire le fait d’avoir quitté sa famille, ses parents qui explique que les immigrés se sentent redevables vis-à-vis de leurs territoires respectifs ?

Ou bien c’est le fait qu’ils ne soient pas insérés dans les pays d’installation qui fait qu’ils drainent toutes leurs potentialités vers leurs villages respectifs ?

S'il y a d'autres raisons à cet attachement, n'hésitez pas à nous en faire part. Bien à tout le monde.
Pour ma part, je ne pense pas que la théorie de Sayad soit suffisante pour expliquer pourquoi l'immigré en général et soninké en particulier accorde tant d'importance à son village d'origine. Je pense pas qu'il y ait une certaine culpabilité chez l'immigré soninké par exemple, le poussant à tout faire pour son village d'origine.

En relisant un excellent article écrit par Mamadou DIARRA sur les foyers des Soninké dans la banlieue parisienne, on peut noter ceci : "Les Soninké se sentent en extraterritorialité, se renferment sur eux-mêmes et n'entretiennent avec le pays d'accueil que des rapports économiques.
La culture française ne parvient pas à pénétrer l'univers des foyers, elle se heurte au refus des Soninké soucieux de conserver leur authenticité.
"

Le cas particulier des Soninké, comme le décrit cet article, montre que le soninké, quand il émigre, il emporte son "village" avec lui. Son village ne le quitte jamais, quitte à le replanter dans un foyer, dans une cité.
Si on met ensemble 50 Soninké d'un même village en Alaska, ils vont replanter leur village d'origine avec le même ordre social, les mêmes coutumes.

Il est donc logique que, le Soninké, voyageant avec son "village" dans ses valises, accorde une importance particulière à son village d'origine.

La seconde question concernant l'intérêt qu'accorde les jeunes Soninké nés ou ayant grandi à l'étranger à leurs villages d'origine est à débattre.