Bonsoir
Je trouve fort charmants vos post messieurs, quoique un peu trop idéalistes à mon goût.
Je voudrais moi aussi croire que le « Soninké » est par nature très attaché à sa culture et à son village. Toutefois je pense que cet attachement ne fait que masquer la mauvaise intégration (qui n’est pas totalement de leur faute) des soninkés en France. Ni plus ni moins.
J’adhère à la thèse de Timéra (cf ; Les Soninkés en France), selon laquelle les primo migrants soninkés n’ont pas bénéficié de l’aide des structures en place afin de faciliter leur insertion économico sociale. De ce fait ils n’ont du compter que sur eux-mêmes, s’organiser entre eux pour « survivre » cela à entraîné un « repli » sur la communauté et la reproduction, en France, du système villageois, seul modèle qu’ils aient jamais connu alors. Cela explique en partie pourquoi les pratiques traditionnelles sont encore si vivantes, et ce, même en contexte d’immigration. Combien de Soninké de la première génération se sont bien « intégrés » à la société française ne serait que par une bonne maîtrise de la langue, pourtant combien d’entre eux ont passé au moins 20 ans ici. D’autre part, s’ils étaient aussi attachés au village qu’on veut le croire, pourquoi lorsque la raison principale pour laquelle ils sont venus s’établir en France n’a plus lieu d’être, à savoir le travail, pourquoi la retraite arrivée ne rentrent-ils pas dans ce cher village, se contentant d’allers-retours d’un point à l’autre ?
J’ajouterais par ailleurs que la multiplication des associations de migrants, souvent constituées en fonction de l’appartenance villageoise, est un autre facteur qui explique l’attachement et l’implication dans la vie du village en contexte migratoire. En effet bon nombre d’hommes venus travailler en France sont tous les jours exploités économiquement et subissent au quotidien des humiliations sans voir leur statut social changer. S’impliquer dans la vie du village à travers les associations permet de les revaloriser socialement. Autre avantage cela permet de maintenir un lien continu avec le village d’être parti prenante, en temps quasi réel dans la vie politique et sociale de celui-ci malgré la distance.
Enfin la thèse de Sayad sur la « culpabilité » du migrant, bien qu’elle n’explique pas tout n’est pas dénuée d’intérêt. Ce sentiment peut n’être pas conscient mais il n’en est pas moins réel. Il est courant chez le migrant d’être très attachée à des traditions et de défendre un idéal villageois souvent dépassé, au sein même du village en question.