Pour ma part, je ne pense pas que la théorie de Sayad soit suffisante pour expliquer pourquoi l'immigré en général et soninké en particulier accorde tant d'importance à son village d'origine. Je pense pas qu'il y ait une certaine culpabilité chez l'immigré soninké par exemple, le poussant à tout faire pour son village d'origine.
En relisant un excellent article écrit par Mamadou DIARRA sur les foyers des Soninké dans la banlieue parisienne, on peut noter ceci : "Les Soninké se sentent en extraterritorialité, se renferment sur eux-mêmes et n'entretiennent avec le pays d'accueil que des rapports économiques.
La culture française ne parvient pas à pénétrer l'univers des foyers, elle se heurte au refus des Soninké soucieux de conserver leur authenticité."
Le cas particulier des Soninké, comme le décrit cet article, montre que le soninké, quand il émigre, il emporte son "village" avec lui. Son village ne le quitte jamais, quitte à le replanter dans un foyer, dans une cité.
Si on met ensemble 50 Soninké d'un même village en Alaska, ils vont replanter leur village d'origine avec le même ordre social, les mêmes coutumes.
Il est donc logique que, le Soninké, voyageant avec son "village" dans ses valises, accorde une importance particulière à son village d'origine.
La seconde question concernant l'intérêt qu'accorde les jeunes Soninké nés ou ayant grandi à l'étranger à leurs villages d'origine est à débattre.