Mes recherches ont abouti sur cette question. Dieu merci. Je remercie aussi Thierno Tandia et El hadj Mahamadou Bouna Wagué qui m'ont fourni au téléphone tous les détails. Je vous permets de lire le petit paragraphe que j'ai rédigé à ce sujet et intégré dans un travail de recherches :
Les artistes « traditionnels », geseru (sing. gesere) et jaaru (sing. jaare), ont été pendant longtemps les gardiens exclusifs de la mémoire collective et ceux qui égayaient les Soninkés[1]. Toutefois, il importe, avant d’aller de l’avant, de souligner qu’il y avait aussi une hiérarchisation dans cette catégorie sociale. Les geseru étaient les seuls qui avaient le droit de jouer avec le ganbare, une guitare locale à quatre cordes[2]. Compte tenu qu’ils avaient un statut social supérieur à celui des jaaru, les geseru ne pouvaient ni les quémander ni faire leurs éloges au risque de déroger. Quant aux jaaru, qui pouvaient quémander aussi bien les geseru que les autres membres de la société et faire leurs éloges, ils se contentaient d’un tambourin, que l’on appelle en soninké dondonηe pour distraire leur public. À cela, il faut ajouter que, sur le plan social, quand on donnait un même présent à un gesere et à un jaare, celui-là, pour garder sa dignité et rester conforme à l’esprit de son statut, devait laisser sa part à celui-ci. Toutefois, il n'a jamais été interdit qu’ils se marient entre eux[3].
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[1] Lire entre autres : D.-T. NIANE, Soundiata ou l’épopée mandingue, Paris, Présence Africaine, 1960, 160p. ; et G. DIETERLEN. et D. SYLLA, L’empire de Ghana. Le Wagadou et les traditions de Yéréré, Paris, Karthala-Arsan , 1992, 257 p
[2] A. BATHILY, 1989, p. 22.
[3] Je dois tous les éléments qui expliquent la différence entre les jaaru et les geseru à Thierno Tandia et Mahamadou Bouna Wagué auxquels j’exprime ma reconnaissance.