Bonsoir,
Je suis loin de finir d’irriguer ce thread consacré aux phrases et anecdotes célèbres et véridiques de notre cher regretté Ganda Fadiga. En effet, dans une belle métaphore empreinte d’humour, Ganda montrait à quel point le chien, que l’on déteste généralement dans nos milieux, pouvait être rempli de valeurs morales mieux qu’une catégorie d’hommes et de femmes.
Il dit en soninké :
«An ga na ti yogonu da wulle, i na a buyindi, a naayi xa wulle ñan pasu i ya jikku, bari wullen peti hiisirinŋalle, a ni i xoqqe ñonkono i kaman baane ya da », c’est-à-dire : « Quand tu taxes certains de chiens, ils se vexent, alors que le comportement du chien est mieux que le leur. Car, contrairement à une certaine catégorie d’hommes et de femmes, le chien n’est pas ingrat. En guise de reconnaissance, il ne balance sa queue que pour son maître».
On voit par là qu’aussi détestable que soit le chien dans les milieux sahéliens et musulmans, il n’est pas dénué de qualités. Selon la logique du feu Ganda, cet animal peut avoir plus des qualités morales que l’Homme dans certains domaines. Effectivement, quand on prête attention au comportement du chien, on se rend à l’évidence selon laquelle il ne balance sa queue qu’en présence de son maître ou de quelqu’un d’autre de la famille dans laquelle il est élevé. Cela ne peut absolument pas être le fait d’un hasard ou d’une simple accoutumance. C’est parce qu’il se sent en sécurité en présence de son bienfaiteur qui le nourrit, qui prend soin de lui et qui le protège qu’il lui fait cet acte de tendresse et de reconnaissance. Il n’est pas comme l’Homme qui peut facilement oublier ses bienfaiteurs et, pire, leur manifester un sentiment d’ingratitude, voire d’animosité. Combien d’hommes et de femmes qui pensent être mieux que le chien, alors que cet animal est en réalité mieux qu’eux dans le domaine de la reconnaissance et de la probité morale. Ainsi, d’un point de vue moral, un (e) ingrat (e) n’arrive même pas aux chevilles de cet animal qu’il traite pourtant avec mépris et irrespect. C’est en ce sens que Ganda martèle fort et de façon imagée que le chien est mieux que la catégorie d’ingrats que l’on trouve abondamment dans l’espèce humaine.
A dire vrai, la mort de Ganda est une grande perte pour notre langue et notre culture. C’était un homme d’une grande capacité d’analyse, d’imagination et d’observation. Puisse Allah lui accorder une place de choix dans Son Grand Paradis.
Bien à tous les soninkaranautes, qu'ils soient invités ou connectés.