J’adore mon pays, la terre qui m’a nourrie au sein
Je protège jalousement son image dans le plus bel écrin
Et je bataille, par tous les moyens,contre les jaloux et les vilains
Pourtant je n’y vis pas… je suis devenu européen ou américain
Et je souffre d’être marocain …de loin…
Dans mon coin donc, je répète que je suis marocain
Fier de l’être et pourtant…pourtant… je me plains
Je n’arrête pas de refaire mon pays du soir au matin
Rien ne me satisfait… ni les choses ni les gens… je geins
Mais qu’est ce que je veux enfin ??
Je voudrais... je voudrais changer tellement de choses pour être bien
Je voudrais, par exemple, garder ma vie d’ici mais la vivre là-bas, enfin !
Pas réaliste du tout, trop rapide, sentimental disent les petits malins
Je répondrais : non, je suis comme vous, un simple marocain
Mais gonflé à bloc par cette foutue el ghorba qui embellit tout de loin
Alors ne me jetez pas la pierre et écoutez moi bien…
Je fais tout ce que je peux, et plus, pour aider, pour garder le lien
Je travaille dur, je téléphone, je transfère de l’argent, je ne suis pas radin
Tout y passe avec largesse: cadeaux, donations et même pots-de-vin…
Et finalement, je ne suis pleinement heureux qu’un mois par an, quel destin…
Quelle ironie, l’ironie du sort,… le sort de 3 millions de marocains
Pour me consoler, sans flancher, je soigne mon profil de marocain
Je donne toutes les priorités à mon corps, à ma soif et à mes faims
Je consomme encore plus de pâtisseries, de tajines et de pain
Je consomme… ma culture, mes traditions, je fais le plein
Qu’importe mon estomac, ma ligne et même mes reins
Je le sais… c’est mon âme et mon cœur qui portent le deuil du lien
Et qui me font fondre de nostalgie et de chagrin
Seul, et parfois malheureux comme un chien
Je recherche la companie, la chaleur d’autres marocains
Mais ceux qui prient et même ceux qui boivent du vin
N’ont jamais réussi, malgré tous leurs discours et leurs refrains,
A m’expliquer pourquoi être marocain ne se conjugue plus qu’au lendemain
Ni comment vivre au présent pour des rêves qui sont trop trop loin
Pour ne pas devenir comme ceux qui ont fini enragés et mesquins
Je me protège du mauvais œil en portant une petite main
Pour avoir la paix avec tous mais surtout avec les marocains
Comme me l’a conseillé, en bonus, la chouafa recommandée par les voisins
Qui essaie chaque année de déchiffrer la carte de l’avenir… des autres et le mien
Parfois confus, parfois en pleine crise, rarement serein
Je laisse passer la douceur de beaucoup de mes matins
Au lieu de vivre ici, je languis pour le non-vécu, pour ce qui est loin
Et je me retrouve à me demander pourquoi tout cela ? Pour rien ?
Ou seulement pour le sourire de mes souvenirs, la chaleur perdue des mains …
Alors en attendant que je puisse redevenir marocain à temps plein
Que je puisse me présenter là-bas ou voter pour quelqu’un
Pour sentir que je suis marocain comme tout un chacun
Je continue mon petit bonhomme de chemin
J’accepte plus ou moins ma vie, mon destin
J’essaie d’assumer ma marocanité, mon identité de marocain
Pour que demain mes enfants aiment, comme moi, sans fin
Cette terre ou je suis né, le seul endroit ou j’aime être bien
Et qu’ils puissent un jour, peut-être, découvrir, le secret magique de ce lien.
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