Posté par
Cheikhna Mouhamed WAGUE
Bonsoir à tout le monde !
J’essaye de dire un mot sur les conditions de l’héritage, car il est utile de savoir qui peut hériter et qui ne peut pas hériter avant d’engager le débat. Pour cela, je m’en vais vous dire les personnes entre lesquelles il ne peut en aucun cas avoir d’héritage. Les points qui seront évoqués ici sont appellés mawaani'oul irshi, en arabe :
-1)Les personnes qui ne sont pas de la même religion. Un musulman ne peut pas hériter un non musulman et vice versa. A ce titre, on peut être amené à ne pas pouvoir hériter son père, sa mère, son frère, son fils, si l’un d’eux n’est pas musulman. L’héritier et l’hérité doivent être tous les deux musulmans ;
-2) Un assassin n’hérite pas celui qu’il a assassiné, même si c’est son père, sa mère, son frère, son fils, et j’en passe, si l’acte d’assassinat est volontaire et délibéré. Admettons quelqu’un qui a un père radin et qui l’assassine, histoire de l’hériter, il est exclu de l’héritage ;
-3) L’enfant adultérin (jeeni renme en soninké) n’hérite pas son géniteur et son géniteur ne l’hérite pas non plus, car la conception de l’enfant n’a pas eu lieu dans un cadre légal ; Cet enfant hérite de plein droit sa mère et sa mère l’hérite aussi.
- 4) Le doute sur l’antériorité ou la postérité de la mort de deux héritiers. Je m’explique : deux personnes, à l’instar d’un père et d’un fils, qui meurent par exemple dans un accident de voiture ou dans une noyade, et si nous ignorons qui de deux a rendu en premier l’âme nous ne devons pas établir d’héritage entre eux. Par contre, si on entend en même temps le décès de deux frères par exemple dans deux lieux différents (Etats-Unis et France), nous devons tenir compte du décalage horaire. Le dernier qui a rendu l'âme héritera le premier. Et la part qui revient à l'héritier défunt sera donnée à ses ayants droit.
-5) Deux esclaves ne s’héritent pas, car ils sont la propriété d’une ou d’autres personnes. Qu’on me comprenne bien. Quand je dis esclave, je parle bel et bien esclave au sens religieux du terme et non au sens social du terme.
- 6) Un enfant qui vient de naître et dont on n’a pas la certitude de l’état de vie pendant l’expulsion du ventre de sa mère. Et tous les jurisconsultes de l’islam sont unanimes à dire qu’il faut que le nouveau-né ait fait un signe de vie (cri par exemple), ne serait-ce qu’une fois, à sa naissance pour qu’il puisse hériter, sinon il est considéré comme un mort-né. En conséquence, il ne pourra pas hériter.
-7) L’enfant d’anathème (langandi renme en soninké) : Un mari qui accuse, à tort ou à raison, sa femme d’avoir fait l’adultère et qui jure que l’enfant à naître ou le nouveau-né n’est pas son fils, il est hors de question dans l’islam que cet homme qui anathémise hérite l’enfant qu'il a anathémisé, et vice versa. Et le mariage entre le couple doit être de suite cassé. Et il il est aussi hors de question que ces deux personnes se remarient de nouveau, même s'ils venaient à n’être, par miracle, que seuls sur terre.
Tous ces renseignements sont dans le droit musulman. On peut lire, entre autres, minhaadj al mouslim, al mudawawanat. La liste est longue.
Je tiens à remercier mon père Elhadj Mahamadou Bouna Wagué, dont l’enseignement fait avec art et l’ouvrage intitulé : Kitab al barahimiyi fi miraashi ar’risala ( condensé des cas d'héritage contenus dans l'épître de la Rasilat ), m’ont beaucoup aidé à démêler l’écheveau de pas mal de questions difficiles dans ce domaine. Puisse Allah nous aider à achever un jour la traduction de cet ouvrage en français pour qu’il soit accessible au grand public. L’héritage n’est pas une question facile. C’est pour cela que le Prophète disait que « L’héritage est la moitié de la science -ou du savoir ou de la connaissance- ».