Merci pour tes explications.Bonjour
Personnellement, je n'ai jamais assisté à une séance pareille. Mais selon mes modestes informations orales et lectures personnelles, je me permets d'expliquer ou, mieux, d'apporter une tentative d'explication de cette technique en passe de tomber en désuétude totale.
En effet, le salluballe (lire : sallouballé) est une pratique traditionnelle en Afrique. La technique consistait à bien orner un pilon par un drap banc. Le pilon, chargé des forces surnaturelles à cause des paroles et des prières incantatoires ou magiques, n’était pas pris par n’importe qui. Seuls ceux qui n’avaient jamais forniqué, ni fait l’adultère depuis leur naissance pouvaient se charger de la mission. C’est pourquoi, cette pratique était une grande épreuve dans tous les villages. Elle pouvait démêler les gens chastes des autres. Tout celui qui n’était pas sûr de son passé intime se soustrayait au choix. Quoi qu’il en soit, si on n’avait fait la fornication ou l’adultère, ne serait-ce qu’une seule fois, cela se saurait, car la pratique ne marchera pas, même si on dissimulait cela au public.
Une fois que les preneurs chastes trouvés et que le pilon a été préparé, la pratique consistait à dénicher celui s’est rendu responsable d’un vol et que toutes les autres recherches n’ont pas pu l’identifier. Les preneurs du pilon se laissent guider par le bois magique, amplement chargé par des forces surnaturelles. Le pilon ne s’arrêtera jamais tant que le voleur n’a pas été retrouvé. Il arrivait que les preneurs traversent des villages entiers à la trousse du voleur, mais ils finiront toujours par le retrouver. Tous ceux qui connaissent cette pratique, en voie de disparition, savent très bien que ses résultats étaient péremptoires. L’individu identifié était toujours le voleur.
Samba Traoré, professeur et doyen de la Faculté de droit de l’université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, dans un article intitulé :« Le Voleur, le Pilon , le Marabout et le commandant de cercle : la cohabitation de logiques contraires dans la recherche de preuves », montre comment cette technique a pu dénicher un voleur en Mars 1972 dans le village de Galladé, dans le Gadiaga, alors que toutes les autres recherches et enquêtes menées par le commandant de cercle n’avaient abouti à rien. Le Professeur Samba Traoré, ce grand intellectuel et ce très bon observateur de la société soninkée, était bien témoin de ce résultat fourni par la technique du salluballe, ce qui nous amène à dire que la pratique, même si elle ne répond pas à la logique cartésienne, n’était pas un vain mot, sans résultat fiable. Elle est d'une autre rationalité, d'une autre logique, celle des Soninkés, entre autres.
Fodyé, je porte à ta connaissance Incha Allah dans les heures à venir le texte en question. Mais Lassana Bathily, toi qui es de Galladé, tu risques d’en pâtir, car tel que je connais Fodyé envers vous, il risque d’interpréter le texte contre vous les gajaaganko. Bien à vous et j’espère n’avoir pas été long.