Tu as raison, ces conflits latents font surface dans pas mal des villages soninkés. Même si l'imamat ne doit pas être une dynastie où le fils succède au père,il faut tout de même que ces gens sachent que l'on ne se désigne pas soi-même imam, que ce n'est pas parce qu'on a fait des études religieuses qu'on devient de facto imam. Il y a plein d'autres critères qui entrent en jeu. Le fait qu'ils considèrent qu'en devenant imams, ils montreront aux autres qu'ils ne sont plus komo, leur interdit d'être imam en islam. On ne doit jamais prendre son rôle d'imam comme une préséance ou une ascension sociale, une montée en flèche statutaire. L'imamat est une responsabilité religieuse. Dès l'instant qu'on l'amalgame avec des considérations personnelles, statutaires, professionnelles, il sort du cadre de l'imamat. L'imamat ne peut pas être considéré comme une revendication identitaire, un moyen d'affranchissement social, tout cela relève du bricolage individuel et social et doit être sur un terrain autre que l'imamat. Oui ces komolenmu, comme on les appelle chez nous, ne doivent pas être désignés comme imams, même s'ils avaient des connaissances religieuses solides et bien établies, dès l'instant qu'ils continuent à nourrir de tels arguments sociaux au grand dam des arguments religieux et critères de choix. Il faut qu'ils sachent et intègrent déjà que prendre la direction d'une prière en groupe exige une certaine sagesse sociale, une grande humilité, et j'en passe. Ce n'est jamais par violence sociale ou le fait de faire sa propre promotion qui donne le droit d'être imam. Il en faut plus que tout ça, car être imam, c'est de pouvoir réunir les fidèles derrière soi, dans la mosquée. C'est de faire l'unanimité. Si la désignation de quelqu'un fait fuir les fidèles de la mosquée, cela doit être aussi évité. Le but de l'imamat c'est l'union et non la désunion.