Un ami, dont je préfère taire le nom, m’a posé un certain nombre de questions hier soir en privée et, parce qu’il lit fidèlement les publications de cette « université ramadanesque », a souhaité que je publie mes réponses sur cet espace pour qu’elles soient plus profitables à un large public. Ses questions ont trait au mariage.
Bien cordialement!1) La première question : Est-ce qu’un homme musulman peut-il se marier avec toutes les catégories des filles en Occident, qu’elles soient croyantes ou non ?
La réponse, c’est non. Quel que soit le lieu de résidence d’un homme musulman, il ne peut se marier prioritairement qu’avec une musulmane et, à défaut, avec une femme ou une fille juive ou chrétienne pratiquante. J’insiste sur le mot « PRATIQUANTE ». Tout mariage contracté avec une fille de culture juive ou chrétienne qui ne pratique pas sa religion est strictement interdit. On ne doit nullement confondre entre le fait d’être de culture judéo-chrétienne et le fait d’être juive ou chrétienne pratiquante. Autant l’Islam ne reconnait pas comme fidèles les musulmans ceux qui se disent musulmans non pratiquants, autant il ne reconnait pas non plus ceux et celles qui se disent juifs ou chrétiens non pratiquants. Allah a dit, au verset 221 de la sourate al baqarah, ceci : « Et ne vous mariez pas avec les femmes polythéistes tant qu'elles ne deviennent pas croyantes. ». Un musulman ne peut donc se marier qu’avec une femme ou une fille pratiquante de l’une de trois religions monothéistes. Tout mariage avec une athée, une non pratiquante ou avec une fille d’obédience boudhiste, brahamaniste, agnostique, et j’en passe, est strictement interdit et n’est pas valable. On voit de plus en plus des musulmans qui se marient avec des filles françaises qui, même si elles sont des traditions judéo-chrétiennes, ne sont rien de moins que des athées. Il faut qu’on le sache que ces mariages ne sont pas valables au regard de l’Islam. Ces filles ne peuvent plus être considérées comme des gens du livre comme définis dans le Coran : « Et [il vous est permis de vous marier avec] les femmes vertueuses parmi les croyantes et les femmes vertueuses parmi les gens qui ont reçu le Livre avant vous, si vous leur donnez leur douaire, ceci étant sous la forme d'un mariage et non en gens de mauvaise vie ni en preneurs d'amantes. » (Coran 5/5).
Même si Umar ibn Khattab, le deuxième khalif de l’Islam, avait interdit pour une période les mariages avec les femmes juives et chrétiennes pratiquantes à cause de l’extravagance de certains hommes qui délaissaient les mariages avec femmes musulmanes, il n’est tout de même pas interdit d’y recourir, quand bien même ces mariages ne seraient nullement les mariages préférentiels aux yeux de l’Islam. Il faut également souligner au passage que, s’il est permis pour un homme musulman de se marier avec une fille de religion juive ou chrétienne et pratiquante, il lui est par contre obligatoire de donner une éducation islamique à ses enfants. Il n’est pas question de les laisser suivre leur mère dans sa religion. On doit également constamment travailler à convaincre la femme à embrasser l’Islam. Quant à l’éducation des enfants dans les principes l’Islam, elle est une obligation. Toute négligence sur ce plan est une défaillance et un manquement à ses obligations de père. Allah nous a mis en garde dans le Coran par ce qui suit : « Ô vous qui avez cru! Préservez vos personnes et vos familles, d’un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu’Il leur commande, et faisant strictement ce qu’on leur ordonne. » (Coran, 66 : 6).
2) Peut-on se marier sans dot et sans témoin ?
La réponse est également non. On ne peut pas se marier sans dot et sans témoins. La dot et les témoignages de deux témoins musulmans et de bonne moralité est une condition sine qua non de la validité d’un mariage islamique.
a) Pour parler de la dot d’abord, je dirai que son importance dans l’Islam est telle que le Prophète SAW avait ordonné à un de ses sahâbât, qui n’avait rien pour s’acquitter de la dot, d’enseigner quelques versets à sa femme comme l’équivalent de la dot. Cet exemple montre que même si on n’a absolument rien et qu’on tient à se marier, on doit chercher des ressources pour s’en acquitter. Cela prouve que sans le minimum dotal un mariage musulman ne peut être valable. Tout passage à l’acte sexuel sans la sortie du minimum exigé est interdit. À propos de l’importance de la dot, je me contenterai de citer, entre autres, trois versets du Saint Coran : « Et donnez aux épouses leur dot, de bonne grâce. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, disposez-en alors à votre aise et de bon cœur. » (Sourate An-Nisâ, Verset 4) ; « Puis, de même que vous jouissez d’elles, donnez-leur leur dot, comme une chose due. Il n’y a aucun péché contre vous à ce que vous concluez un accord quelconque entre vous après la fixation de la dot. » (Sourate An-Nisâ, Verset 24); « Et si vous divorcez d’avec elles sans les avoir touchées, mais après fixation de leur dot, versez-leur alors la moitié de ce que vous avez fixé, à moins qu’elles ne s’en désistent, ou que ne se désiste celui entre les mains de qui est la conclusion du mariage. » (Sourate Al baqarah, verset 237).
b) Les deux témoins et le tuteur de la fille ou de la femme sont également des conditions non négociables du mariage. Le Prophète SAW a dit à ce sujet : « Il n’y a pas de mariage sans tuteur et deux témoins justes, un mariage sans tuteur n'est pas valable. Si les deux parties ne sont pas d'accords, le juge est le tuteur de celui qui n'a pas de tuteur. »
3) La troisième et la dernière question est la suivante : Peut-on se marier avec une femme avec laquelle on a eu un rapport sexuel ?
Oui on peut se marier avec une fille avec laquelle on avait eu des rapports sexuels extraconjugaux. L’Islam ne s’y oppose si certaines conditions sont remplies. La première chose qu’il faut faire c’est de se repentir auprès d’Allah, Le Clément. Parallèlement, on doit impérativement stopper tout acte sexuel pendant un moment avant de songer au mariage. Et les jurisconsultes d’ajouter que, à l’image d’une femme divorcée, ces deux personnes doivent observer une durée trois mois durant lesquels il ne doit pas avoir des rapports sexuels entre eux pour pouvoir marier légalement aux yeux de l’Islam.
4) Les conversions de façade pour des raisons matrimoniales sont-elles permises ?
Je voulais, de mon propre chef, ajouter à ces éléments un autre phénomène qui se dessine en Occident dans le milieu musulman de France et, peut-être, ailleurs également. Il s’agit des conversions de façade à l’Islam pour se marier avec des filles musulmanes. Comme, je l’ai développé plus haut, il est permis pour un homme musulman de se marier avec une juive ou une chrétienne pratiquante. Mais il est strictement interdit à une femme ou une fille musulmane de se marier avec un homme autre qu’un musulman. J’entends par musulman un pratiquant. Il n’y a aucune ambigüité sur ce plan. Aucun moratoire non plus. Tous les textes de l’Islam sont formels sur cette question. Mais, aujourd’hui, en Occident, on voit des filles et des femmes qui se disent musulmanes qui épousent des hommes athées ou d’autres religions, ce qui est gaillardement interdit. À côté de cette interdiction, il y a également ce que j’appelle en toute modestie les « conversions de façade ». Nombreux sont les occidentaux qui, quand ils voient que les parents musulmans s’opposent à leurs unions, se convertissent sans aucune conviction à l’Islam, question de gagner leur sympathie et leur confiance. Parfois ce sont mêmes les filles ou les femmes musulmanes qui leur montrent cette stratégie. Il est clair que ce sont des cas marginaux. Nombreuses sont les conversions sincères, ce qui est louable et ce qui ouvre la voie au mariage avec les filles musulmanes. Mais, en ce qui concerne les conversions de façade, il faut que tous ces gens qui jouent avec les Lois d’Allah sachent que leurs mariages ne sont pas valables et que l’on ne doit pas se convertir pour un simple mariage ; on se convertit par conviction de l’Unicité d’Allah, du Message du Prophète SAW, de la véracité du Coran, du Jugement dernier, de l’existence du Paradis et de l’Enfer, et j’en passe. Toute conversion, pour des raisons matrimoniales, qui ne tient pas compte de ces aspects est une « conversion de façade », une duperie, qui n’ouvre pas le droit au mariage avec une musulmane.
S’il y a d’autres questions, elles peuvent être posées, car il y a suffisamment d’érudits sur la toile qui peuvent, avec des arguments massues, y répondre. Avant de clore mon raisonnement, je tiens à souligner que toute coïncidence avec un cas réel n’est que pur hasard. J’ai tenu à apporter ces éclaircissements quand le frère m’a sollicité parce que je connais des cas à l’Université où des collègues-chercheurs qui vont régulièrement au Mali, au Sénégal, au Maghreb pour leurs recherches, se sont convertis sans aucune conviction à l’islam pour juste se marier avec des filles musulmanes, alors que dans la réalité ils sont tout sauf musulmans. Sans aucune généralisation outrancière, je parle donc en connaissance de cause. C’était pour rappeler la Loi d’Allah en ce mois béni de ramadan, que je me suis essayé à ces questions. Aboû Saîd El Khudrî (que Dieu soit satisfait de lui), a dit qu`il a entendu l`Envoyé de Dieu SAW, dire : «Si l`un d`entre vous voit ce qui déplait à Dieu, qu`il le combatte de ses mains; si cela ne lui est pas possible, que ce soit par la langue, et si cela encore ne lui est pas possible, que ce soit avec son cœur, c`est là le minimum imposé par la foi». Tout en restant fidèle à ces paroles du Prophète SAW, j’ai tenu à apporter ma modeste contribution à ce débat récurent sur le mariage. Allah et Son Prophète connaissent mieux.