A BAKEL ET KIDIRA :
Talla Sylla accuse le régime de « Ablaye Milliards » d’être devenu « une blanchisserie »
A la rencontre des populations de Bakel et Kidira, à travers sa « marche grise », Talla Sylla a rompu avec son discours du début de campagne et musclé ses propos. Et c’est le président et candidat Abdoulaye Wade qui a été la cible du leader du Jëf-jël.
A Bakel où il était de passage dans la matinée du jeudi, Talla Sylla a qualifié Wade de « Ablaye Milliards » en référence aux milliards qu’égrène le chef du Pds pour ses chantiers et aux milliards détournés sous son régime. « Hier (ndlr : mercredi) ‘Ablaye Milliards’ est passé par ici. Vous deviez lui rappeler qu’il est passé il y a quelques années et avait dit que si René Caillé revenait à Bakel, il retrouverait sa maison. Et depuis 7 ans qu’il est au pouvoir, rien n’a changé. La vérité, c’est qu’il faut aujourd’hui poser la problématique de l’argent et des dirigeants », confie Talla Sylla, qui rappelle que Wade avait initié au lendemain de l’alternance des audits sur la gestion des deniers publics. Mais c’est pour constater que « tous ceux qui ont été audités ont été blanchis dès qu’ils ont pris la carte du Pds. Le régime de ‘Ablaye Milliards’ est devenu une blanchisserie. Et cela est inacceptable », fulmine le leader du Jëf-jël, qui rappelle avoir écrit au président de la République le 21 janvier 2002, en tant que député, pour dénoncer les pratiques mafieuses en cours et lui dire que « des affaires douteuses de tous genres sont traités dans la plus grande opacité, permettant ainsi à des membres de son entourage de puiser des deux mains et en toute impunité dans le couscoussier national ».
Selon lui, une nouvelle mafia, qui ressemble à tous points de vue à la précédente, s’est installée au pouvoir. Pour preuve, il convoque l’affaire des 280 milliards que le Ps a dit avoir laissés dans les caisses de l’Etat en 2000 et que le Pds affirme n’avoir jamais vus. Et c’est pour regretter que la lumière n’ait jamais été faite sur cette affaire, en dépit de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire qui n’a jamais pu se réunir. « Si ‘Ablaye Milliards’ dit aujourd’hui que Tanor Dieng et Moustapha Niasse doivent aller en prison, on s’interroge pour savoir si c’est à lui de dire qui doit ou pas aller en prison. Et s’il n’a pas des preuves de ce qu’il avance, il n’a pas à les accuser », explique Talla Sylla qui a lancé, depuis le début de la campagne, le slogan « Na deñ » qu’il a substitué au « Na dem » de 2000.
Talla Sylla, appelant les populations à aller retirer massivement leurs cartes pour sanctionner Wade le 25 février, a mis une fois encore en garde le pouvoir contre toute tentative de coup de force. « Qu’il sache que Dieu seul a la force et que Lui seul est Puissant », indique Talla Sylla qui fait remarquer que des dictateurs comme Mobutu, Saddam Hussein, Pitt Botha etc., qui croyaient avoir un pouvoir infini, ne sont plus là. « Wade est assis sur une branche morte. On n’a pas besoin de le pousser, il va tomber tout seul car la jeunesse du Sénégal lui a tourné le dos », poursuit le candidat de l’alliance Jëf-jël qui a drainé des foules énormes partout où il est passé pour sa « marche grise ». Ce vendredi, Talla Sylla sera à Kédougou, Tamba et Vélingara.
… et révèle comment le régime voulait procéder pour le tuer le 5 octobre 2003
A ceux-là qui s’inquiètent pour sa sécurité, Talla Sylla dit n’être habité par aucun sentiment de peur. « Car Dieu seul peut tuer. Nous continuerons donc à nous battre pour mettre fin aux 47 ans de misère du peuple Sénégalais. Aujourd’hui, c’est le pouvoir qui est inquiet parce qu’il sait qu’il n’a pas la majorité », affirme Talla Sylla qui est revenu, pour la première fois depuis la tentative d’assassinat dont il a été l’objet dans la nuit du 5 au 6 octobre 2003, sur les détails de cette agression.
Selon Talla Sylla, c’est une opération savamment orchestrée par des commanditaires haut placés pour l’éliminer. Mais, dit-il, Dieu l’a préservé car Lui seul peut ôter la vie. Le patron du Jëf-jël explique que le but de l’opération était de le tuer et de faire croire à un crime passionnel. Entrant dans le détail devant une foule médusée à Kidira, Talla Sylla dit : « le régime voulait me tuer à coup de marteaux et maquiller le meurtre en faisant croire que j’ai été victime d’un crime passionnel. Après m’avoir tué, ils avaient prévu de m’amener dans la chambre d’un couple et de faire croire que j’ai été surpris par un homme chez lui avec sa femme. Il nous aurait tué la femme et moi et serait mort durant la bagarre. Mais en réalité, il était prévu que la femme et l’homme soient tués avant qu’on ne m’amène pour que l’histoire tienne la route. Seulement, Dieu a fait que les choses ne sont pas passés comme ils voulaient et je suis encore là pour m’opposer à eux et le dénoncer ». Pour rappel, l’enquête de la gendarmerie sur l’agression au marteau de Talla Sylla avait dégagé des pistes menant à la présidence de la République. Mais une fois transmise au procureur de la République, l’affaire a été enterrée.