Un article assez pertinent sur la politique de Maître Wade depuis l'alternance :
http://www.lequotidien.sn/articles/a...ticle_id=39318
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CONTRIBUTION
* Un aveu de «petite» taille !
A M. le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade
Maître,
Vous qui nous promettiez tant de choses ; Vous l’homme sur lequel les dévolus étaient jetés en 2000 ; Vous qui prôniez la démocratie libérale : sachez que tous les Sénégalais sont déçus.
Je suis désolé, les valeurs républicaines les plus prestigieuses ont été anéanties par vos troupes qui, jusqu’ici, ont participé à la destruction des liens sociaux. Régime qui, caractérisé par le pilotage à vue et apparaît comme un moribond, a fait preuve d’incapacité maximale.
Je suis désolé Maître, vous vous efforcez à satisfaire la demande sociale, mais sachez que vous vous en éloignez de jour en jour. Creuser le sol, construire des ponts, détruire des ponts, enjoliver quelques places de Dakar, construire des monuments, tracer des autoroutes etc. Vous avez de bonnes intentions, mais vous êtes en train de mettre les charrues avant les bœufs. Les Sénégalais n’ont plus d’argent, la faim est maîtresse dans la banlieue dakaroise, dans les communautés rurales là où règne en maître absolu la paysannerie. La pauvreté mousse comme c’est pas possible dans le pays. Ce pays est à genou. Les gens n’ont pas encore besoin que vous vous préoccupiez de l’esthétique, mais plutôt de leur assurer une assistance et sécurité sociale, augmentation du pouvoir d’achat, et lutter contre la faim, la corruption, l’environnement, la cherté des denrées. Je suis très désolé Me Wade, les denrées de première nécessité sont chères de 2000 à 2006. Preuve en est que le sucre passe de 450 francs Cfa/kg à 650 francs Cfa. Le riz aimé des Sénégalais passe de 200 francs Cfa/kg à 225 francs Cfa. Le pain passe de 100 francs/miche à 150 francs et risque d’être augmenté dans les jours à venir. Le gaz, par ailleurs, passe de 950 francs/bouteille à 2 000 francs Cfa.
L’électricité est augmentée de 15% en octobre. Les délestages perdurent. La Sar et les Ics sont en faillite. Sachez Me que les Sénégalais souffrent atrocement de votre arrivée au pouvoir. Je suis désolé grand-père, vous considérez l’Etat comme une simple association avec à sa tête un dictateur transgressant toutes les règles du jeu. Preuve en est que vous vous perdez dans les concepts Etat et parti politique. Vous nommez des gens qui ont un niveau d’étude faibles comme Awa Diop et l’élément hors du commun Senghor entre autres élus. L’appareil étatique a besoin de cadres supérieurs et des technocrates. Cependant, vous souteniez : «Les études ne sont pas importantes pour diriger un ministère.» Un jour vous avez dit aussi : «Qu’est-ce qu’un ambassadeur ? Je peux même faire de mon chauffeur un ambassadeur.» Ô Maître, pourquoi ne fermez-vous pas donc les universités sénégalaises ainsi que les écoles et collèges. Vous dénigrez le statut des intellectuels de ce pays. Me votre raison ne peut être qu’anesthésiée.
Je suis désolé Me Abdoulaye Wade, vous avez politisé tous les milieux, ceux social, culturel, religieux, les bureaux, les institutions républicaines n’en restent pas moins ainsi que certains projets comme le Fnpj. Maître, où sont les milliards que l’on entend de partout ? Il semblerait que votre fils Karim détient nombres d’entreprises au Sénégal et est accusé d’avoir détourné des milliards ne constituant que l’argent du contribuable. Qu’en dites-vous des milliards détournés, accentuant l’absence de la démocratie participative : un problème de bonne gouvernance majeur.
Je suis désolé, la Justice sénégalaise serait manipulée et nous assistons à des dérives politico-judiciaires : emprisonnement des opposants et journalistes, la liberté de la presse persécutée, corruption des juges et magistrats sénégalais, selon Latif Coulibaly.
Je suis désolé Me, tout ce que le Président Diouf instaurait et que vous contestiez se trouve ré-instauré par vous-même : augmentation des députés, le quart bloquant, suppression du Sénat, le président de la République ne doit pas être le chef du parti, les couleurs du parti sur les réalisations gouvernementales. Maître, il semblerait que vous voudriez supprimer le second tour, peut-être avez-vous oublié que sans le second tour, vous n’auriez jamais pu être président de votre vie. Le Pds n’a jamais gagné une élection. En 2000, il a été soutenu par une trentaine de partis politiques.
Je suis désolé monsieur le Président, vous faites apparaître un déséquilibre socio-économique dans le pays. Les ministres ont 2 millions par mois + 1000 L de carburant + des frais de logement + des frais de communication etc., pendant que les gens sont faméliques, les agriculteurs arrosent leurs champs avec leurs propres larmes, les jeunes sont délaissés à eux-mêmes, la décentralisation reste intouchable, créer des macrocéphalies comme Dakar. Pourquoi pas Saint-Louis, Kaolack, Fatick, Kolda, Tambacounda, Thiès, Matam la pauvre ? Je suis désolé Me, pourquoi vous faites faire refouler les immigrés clandestins dans ce pays où ils n’ont aucun avenir ? Vous êtes le premier Président au monde qui prône pour le retour des mains-d’œuvre non qualifiées et favorise la fuite des cerveaux (l’immigration choisie signée avec Sarkozy). Vous faites revenir ces jeunes et paradoxalement vous ne les proposez rien, seulement un sandwich + 10 000 francs Cfa/tête. Vous les jalousez leur avenir, ces jeunes qui se créaient pourtant un palliatif de survie. Maître, le plan Reva est un rêve, les agriculteurs souffrent trop, cela fait peur aux jeunes. Un plan sans tête, ni queue, plan sans aucune vision avec à sa tête le Molière du XXIe siècle. Celui qui à des problèmes pour faire une analyse cohérente.
Je suis désolé Wade, connaissez-vous un certain Djibo Leïti Kâ qui, en 2000, lorsque tous les Sénégalais se sont donnés comme mot d’ordre «Construisons le Sénégal avec Wade», c’est en réalité celui qui disait sans complaisance : «Le Sénégal avec Wade ? Non du tout.» Il est de nos jours ministre de l’Economie maritime. Maître ! Vous souvenez-vous de Me Mbaye Jacques Diop qui, en 2000 lorsque vous passiez à Rufisque, fusillait sur votre cortège ? Il est aujourd’hui le président du Craes. Maître vous souvenez-vous de Aïda Mbodj qui vous avait donné le nom de «Fantômas» ? Elle est maintenant le ministre de la Femme chargée des Affaires sociales. Et Ousmane Ngom qui vous avait trahi au profit du Parti socialiste le gourmant du pouvoir. Il est le ministre de l’Intérieur. Je suis désolé Me, vous avez ingurgité la pourriture de la politique politicienne donc vous ne pouvez pratiquer que celle-ci.
Je suis désolé Maître, la vieillesse vous ruine de jour en jour, votre raison anesthésiée. Il nous semble que la situation se présente comme «l’élite au service de la bêtise». Puisque 2007 s’approche donc : adieu à la politique politicienne, adieu aux meetings interminables, adieu aux détournements, adieu aux corrupteurs et corrompus, adieu aux manipulations judiciaires, adieu aux denrées chères, adieu aux profiteurs et marabouts politiques opportunistes. «Ô, regardez ! Un nouveau soleil se lève au Sénégal à l’aube de 2007».
Maître Abdoulaye Wade, sachez qu’en 2007, les Sénégalais ne savent pas encore pour qui voter, tout au moins savent-ils pour qui ils ne voteront pas.
Toutes mes considérations, cher Président.
La voix du peuple sénégalais.
Papa Mamadou CISSE - Etudiant en deuxième année de Sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal