(AfriSCOOP) — Le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade s’est offusqué lundi contre les prières adressées « à un autre qui n’est pas Dieu, Jésus » dans les Eglises, pour se défendre des critiques de plus en plus acerbes contre la construction du monument de la Renaissance africaine. Ces propos ont irrité l’Archevêque de Dakar, le Cardinal Théodore Adrien Sarr qui, dans la foulée, décide d’en informer le Vatican.
Me Wade est à couteaux tirés avec l’Eglise catholique sénégalaise. Visiblement exacerbé par les propos des détracteurs du monument de la Renaissance africaine dont il réclame la paternité et donc les dividendes, le vieux président a mis les pieds dans les plats. « Je dis que vous les croyants, vous voyez pire et personne ne dit rien. Quand on est dans une église, c’est pour prier un autre qui n’est pas Dieu, c’est Jésus qu’on prie. Pourtant, on n’a pas cherché à casser les églises. Comme tout le monde, je passe devant les églises sans m’occuper de ce qui se passe à l’intérieur. C’est cela la tolérance », a-t-il déclaré lundi au cours de la Conférence nationale des enseignants de la Génération du concret.
Le chef de l’Etat s’en est également pris aux deux plus grandes confréries du Sénégal, la Tidjaniya et le mouridisme. « On m’a rapporté qu’El Hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba à Saint-Louis passaient devant le monument de Faidherbe et celui de Van Vo mais personne n’a rien dit. Or, c’est à ces personnes-là que nous avons fait allégeance et sur qui nous portons tous nos espoirs », a-t-il poursuivi.
Alors que les responsables musulmans n’ont pas encore réagi à ces propos, l’Eglise catholique par la voix de l’Archevêque de Dakar, le Cardinal Théodore Adrien Sarr, a décidé de saisir le Pape Benoît XVI, le laïcat et la conférence épiscopale du Sénégal. « Il est évident que Me Wade s’est lancé dans une comparaison qui tente de démontrer le caractère païen du culte des chrétiens. Ce qui risque, si on n’y prend pas garde avec la poussée islamiste, de porter un coup à la stabilité du Sénégal reconnu pour la coexistence pacifique entre les religions », dénonce une source proche de l’Archevêché de Dakar, sous couvert de l’anonymat.
« Wade préside l’Organisation de la Conférence Islamique (Oci) qui prône le dialogue inter religieux, ses propos sont choquants pour le Sénégal reconnu comme l’une des rares nations où le dialogue islamo-chrétien est une réalité et où des cimetières mixtes (musulmans et chrétiens) existent. C’est dommage que la tolérance sur lequel les Sénégalais de tous bords se reconnaissent soit écornée, et cela par le premier des Sénégalais », s’insurge, de son côté, un professeur d’arabe qui a préféré garder l’anonymat.
Pays essentiellement musulman, le Sénégal compte près de 5% de catholiques, majoritairement des Diolas, des Sérères et des Manjaks. La pomme de discorde, le monument de la Renaissance africaine est un ouvrage matérialisé par un homme portant sur son bras gauche un enfant et enveloppant de son bras droit une femme. Il est érigé sur l’une des collines appelées Mamelles situées à Ouakam, un quartier dakarois sis au bord de l’Atlantique. Avec ses 150 mètres de hauteur, il sera la plus haute statue du monde, détrônant ainsi celle de La Liberté de New York (USA). Il est construit dans un vague style soviétique par la société nord-coréenne Mansudae Overseas Project Group of Companies.
Sa construction d’une valeur de 15 millions d’euros a suscité un tollé dans ce pays à population pauvre. Pis encore, elle rencontre forte répugnance de la part des croyants qui y voient une « œuvre diabolique ». « Rien n’est plus offensant que ce monument dit de la renaissance africaine, sans aucune originalité artistique, insultant la pudeur et les valeurs d’un peuple de croyants, agressant finalement le naturel d’un paysage, jadis, d’une majestueuse beauté », s’était indigné Talla Sylla chef du parti Jëf-Jël.
Source : afriscoop.net