Mon pays va mal mal .. et les trois semaines que je viens de passer là m'ont suffit comme preuve. La démocratie sénégalaises dont nous étions fier nous l'avons confié à unepersonne qui n'en connait pas la valeur. Et je crois qu'il n'a pas encore atteint l'âge de la sagesse !

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Par Cheikh Lamane DIOP

Dans ce contexte marqué par l’ouverture des « Assises nationales », l’on assiste, à coups de déclarations et d’actes, à une pernicieuse montée des périls qui, si l’on y prend garde, nous mène droit au mur. On ne le répètera jamais assez, les Sénégalais ne sont pas plus bénis de Dieu que les Ivoiriens, Congolais ou même Rwandais, voire Irakiens. Nous n’avons pas encore atteint le rouge, mais nous sommes bien dans l’antichambre orange, à un niveau assimilable à trois sur une échelle de quatre.

Ceux qui s’ingénient à faire monter dangereusement les enchères, devraient se faire narrer le quotidien de ceux qui ont vécu les affres des guerres, des règlements de compte fratricides, des meurtres et viols à Kigali, Bouaké, Brazzaville, Lubumbashi, ou même dans le sud de notre propre pays en Casamance. Dans la même vaine, l’assassinat en 1993 de Me Babacar Seye, 1er vice-président du Conseil constitutionnel, la boucherie du 16 février 1994 à Dakar ayant eu raison de six membres des forces de police, les violences postélectorales de 1988, entre autres, constituent des révélateurs qui prouvent que nous ne sommes pas à l’abri.
L’électricité a été coupée au niveau d’un réverbère jouxtant le domicile de Amadou Makhtar Mbow, président du comité national de pilotage des « Assises nationales ». L’obscurité installée ou provoquée n’a pas encore permis de savoir si les agents de la société nationale d’électricité, passés par hasard pour éviter les étincelles, ont joué aux sapeurs pompiers ou aux pyromanes. Au même moment, Mme Penda Mbow, autre personne publique, très en vue dans ces consultations, a vu son compteur d’électricité emporté par la société concessionnaire pour raison « commerciale ». La presse a également rapporté la visite non désirée que le Dr Ciré Ly, autre membre de la société civile engagé dans ces « Assises nationales », a reçu de la part de nervis à son domicile. Tel un tube au sommet du hit-parade, ce genre d’incidents graves est rapporté au quotidien par la presse, telle une ritournelle.

La majorité, non partante pour ces « Assises », avait déjà sonné la charge. Farba Senghor, le chargé de la mobilisation et de la propagande du parti démocratique sénégalais (Pds) et non moins ministre de l’Artisanat et des Transports aériens, avait averti : « ceux qui décideront de participer à ces assises, auront pris sur eux la lourde responsabilité de faire face au pouvoir ». Celui que l’on surnomme « le fou du roi », fidèle à sa réputation, avait dans la foulée, fait une intrusion dans le secteur stratégique de l’économie nationale, en appelant les membres du Conseil national du patronat (Cnes), partie prenante aux Assises nationales, à quitter cette organisation au profit du Conseil national du patronat (Cnp) que dirige Baidy Agne.

Etant donné que les Assises nationales sont une initiative de l’opposition, même si elles sont devenues l’affaire de bien des pans de la société sénégalaise, leur réussite ne peut que consacrer l’échec de la majorité. Aussi, l’opposition ne s’est-elle pas déjà illustrée par des déclarations et actes visant la chute du régime de Wade. A ce titre, Idewa (Initiative pour le départ de Wade), naguère brandie par les adversaires du chef de l’Etat constitue un révélateur éloquent. En cela, travailler à les discréditer est de bonne guerre pour Wade et ses alliés. Cependant, le débat est faussé dès l’instant qu’on dépasse le cadre d’un échange démocratique et intellectuel pour emprunter les ténébreux sillons d’une confrontation provocatrice aux conséquences incalculables.

Le Chef de l’Etat a invité ses partisans de « les laisser faire leurs Assises » et ajoutait : « je demande à tous ceux qui me soutiennent ; syndicalistes, enseignants, partis politiques, de ne pas y aller et de n’y envoyer personne, parce qu’ils ont dit que c’est pour me renverser". D’autres responsables du parti au pouvoir, ont poursuivi leurs croisades par des menaces et autres déclarations incendiaires. Comme à la guerre, on est sommé de choisir son camp. C’est cette conception manichéenne des affaires nationales qui n’est pas tolérable. Demander aux chefs religieux, aux organisations de la Société civile, à des généraux (même s’ils sont en réserve), à de paisibles citoyens, de se déterminer par rapport à deux camps opposés, en usant d’une rhétorique guerrière, c’est ouvrir la boîte de pandore.

Faute d’un dialogue politique sain, un des fondamentaux élémentaires dans toute démocratie qui se respecte, les acteurs politiques semblent faire feu de tout bois à la poursuite de desseins inavouables. Après le boycott des législatives et sénatoriales de 2007, l’opposition significative absente de toutes les stations institutionnelles majeures, privée de compétions électorales en 2008 pour cause de report des locales à l’initiative de la majorité, a jeté son dévolu sur ces « Assises nationales » autour desquelles elle a pu fédérer plus de 75 organisations de différentes obédiences.

Le pouvoir redoute cette arme fatale du camp d’en face et ne ménage pas ses efforts pour contrer ce que le président de la République lui-même a qualifié de « provocation grotesque ».

Cette montée des périls est d’autant plus préoccupante, qu’elle a été précédée de déclarations inquiétantes, certains parlant même « d’insultes », d’autre de « complot ».

En matière d’insultes, dans une interview récente réalisée à l’occasion de la parution de son livre autobiographique « Une vie pour l’Afrique » à Paris, le pape du Sopi avait déjà averti : « Si quelqu’un, dans la rue ou sur les ondes, se mettait à insulter un khalife ou le pape, qui dispose de millions de fidèles, il courrait le risque de déclencher des réactions spontanées et violentes, sans que celles-ci aient été télécommandées. Eh bien, dites-vous que des millions de militants et de fans vibrent dès qu’ils entendent mon nom. De sorte que des attaques publiques contre ma personne relèvent de l’imprudence et non de l’imprévisibilité ».

Le chef de l’Etat avait même convoqué dans ses explications des déterminants socioculturels en ajoutant que : « la violence appelle la violence et, dans nos pays, la violence verbale appelle la violence physique. Malheureusement. Dans nos traditions, l’insulte, comme on disait chez vous au Moyen Âge, se lave dans le sang. Notre société est encore largement féodale dans les esprits » (…)

Au moment où le peuple ploie sous la cherté des denrées de consommation courante liée essentiellement et la folle envolée du prix du baril de pétrole, à une crise scolaire grave et bien d’autres urgences nationales encore, les forces vives de la Nation devraient grouper leurs tirs dans une seule direction. Celle d’alléger les souffrances du peuple sénégalais au lieu de travailler à un pernicieux scénario qui anéantirait, à un tour de main, le fragile équilibre socioéconomique d’un pays trônant dans le club très peux envieux des pays pauvres très endettés (Ppte).



Ch.L.D.
Source : africanglobalnews.com