éh toi aussi waguéLe Soleil (Dakar)
13 Septembre 2007
Publié sur le web le 13 Septembre 2007
Babacar Dieng
Certainement, aujourd'hui, les Sénégalais vont renouer avec la tradition islamique qui consiste à s'abstenir de boire, de manger, de regarder où il ne le faut pas, de prononcer des paroles désobligeantes.
Bref, tout ce que recommande le Miséricordieux. Parce que nak, ce mois-là est béni. Il s'agit du Ramadan. Vous avez bien entendu et bien compris « R...A...M...A...D...A...N ».
Pendant cette période qui dure 29 et rarement 30 jours, ici chez nous, l'on doit se purifier en sacrifiant aux obligations divines. Repentez-vous, aidons-nous les uns les autres, donnez l'aumône aux pauvres, pour mériter le pardon de Dieu. Cependant, s'il est vrai que beaucoup de nos compatriotes seront à ce grand rendez-vous de « la faim », il n'en demeure pas moins qu'il y en aura d'autres comme moi qui commencent déjà à étaler une feuille de route qui vous convaincra de leur incapacité à jeûner.
Vous me comprenez quand je vous dis qu'au Sénégal, les ulcéreux ne se signalent que pendant cette période de sacrifices. D'ailleurs, ils ont commencé à annoncer leur maladie depuis la mi-août, dans le but de mieux convaincre. Hé oui ! que n'entendrons-nous pas de certains « dama yor ulcère » (j'ai un ulcère qui m'empêche de jeûner », ou « j'ai une colopathie intestinale », tandis que d'autres vont évoquer leur diabète, leur tension ou toutes sortes de maladies inconnues du dictionnaire « Vidal ».
Mais, pendant qu'on y est, pourquoi ne pas évoquer également les maux de pieds, la vision mauvaise ou les funérailles d'un copain très cher ? Pour simplement dire qu'au Sénégal, tous les moyens sont bons et « légaux » pour tourner le dos à tout ce que recommande la religion. Vous en aurez le coeur net à partir d'aujourd'hui si vous sillonnez les rues de Dakar et observez les restaurants les plus enclavés de la ville. Ils seront débordés de « malades imaginaires », walay. Mais, franchement, danio niéméwoul koor (ils redoutent le ramadan). Tel ce collègue qui a envoyé se faire voir ailleurs un jeune vendeur de dattes qui lui proposait ses fruits : « Va au diable. Avec çà, vous allez rapprocher le mois de ramadan alors que son heure n'est pas encore venue ! ». Ki mo ragal koor. En tout cas, moi personnellement, je ne m'en cache pas, je suis exempté. Donc inscrit aux abonnés absents.