Voici de quoi animer le débat.
Le bonheur des uns content d'avoir une équipe de France qui reprsente, la France telle qu'elle est aujourd'hui, fait le malheur des autres........
Article paru dans LIBERATION.
La défaite de l'équipe de France n'attriste pas plus que cela l'extrême droite. Car, pour elle, le onze tricolore ne représente pas vraiment le pays. Et le carton rouge donné à Zidane en finale la réjouirait presque : «Ciao voyou !» titre aujourd'hui l'hebdomadaire Minute, pour qui le capitaine français a conservé des comportements de racaille de banlieue... «Les Romains ont battu des Gaulois qui ne ressemblent pas vraiment à des Gaulois», confie un des responsables du FN. Bruno Gollnisch, numéro 2 du parti d'extrême droite, considère que l'équipe nationale est «peut-être représentative de la France de demain. Elle ne correspond pas à celle d'aujourd'hui.» «J'aurai été favorable à une discrimination positive avec un peu plus de Français d'origine européenne.»
Heureux, Romain Marie qui a longtemps conduit la procession des catholiques traditionalistes du FN ne se sent pas touché par un «quelconque patriotisme sportif pour une équipe en trop grande partie mercenaire qui s'appelle les Bleus. Je ne regarde donc pas avec un total accablement la victoire italienne» . Mieux, le chef de file de Chrétienté-Solidarité voit dans la défaite de la France le triomphe d'une certaine forme de «romanité grandiose» : «On va ainsi célébrer le triomphe au cirque Maxime comme aux meilleures époques de l'Empire. Il n'y manquera que Zidane l'Africain, enchaîné comme jadis Vercingétorix le Gaulois».
Le coup d'envoi avait été donné par Le Pen le 26 juin : si la France ne se mobilisait pas derrière son équipe, c'est que «les Français ne se [sentaient] pas complètement représentés par cette équipe» . Au lendemain de la sortie de Le Pen, Minute posait ouvertement la question : «Y a-t-il trop de Noirs dans l'équipe de France ?». En 1996, déjà, Le Pen jugeait «artificiel que l'on fasse venir des joueurs de l'étranger en les baptisant équipe de France».
L'extrême droite italienne n'est pas en reste . Roberto Calderoli, vice-président du Sénat italien et dirigeant de la Ligue du Nord, après avoir salué la victoire de «l'identité italienne» sur une équipe de France «qui a sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des islamistes et des communistes», en a remis une louche hier : «Ce n'est pas ma faute si Barthez chante l'Internationale au lieu de la Marseillaise et si certains préfèrent La Mecque à Bethléem».