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21 mars 2008 : Au sujet du rayonnement de sa langue, entre autres domaines, la France peut-elle se passer de ses anciennes colonies ?
Le français, cette belle langue bien échafaudée, a toujours séduit par son charme et la complexité de sa grammaire, de ses subtilités, de sa syntaxe, et j’en passe. Quel étudiant ou élève n’a pas été une fois séduit par cette belle langue, à travers les belles plumes des auteurs français comme Lamartine, Hugo, Paul Valery, Fernand Braudel, Aimé Césaire, Senghor et tutti quanti.
Quel élève n’a pas été puni à cause d’un non-respect d’une des particularités de la grammaire française, à travers certains accords comme (toutes les amours, toutes les orgues et toutes les délices) où l’ordinateur même n’arrive pas à y croire.
Vaugelas, ce grammairien de renom, en quittant la vie, n’avait-il pas encore laissé l’un des mystères de cette langue par deux phrases qui sont toutes correctes pourtant « Je m’en vais » et « Je m’en va ».
La liste est longue. On ne peut pas énumérer toutes les particularités et le trésor de cette langue en quelques lignes. Pendant une période relativement longue, la France, grâce à sa suprématie économique et culturelle, a su et a pu donner une stature internationale à sa langue. La colonisation, bien qu’ injuste comme système, fut un moyen efficace de diffusion de la langue française dans bien de coins du monde.
Cette page glorieuse de la langue française est en passe d’être tournée face à la puissance de l’anglais, langue de travail au niveau international. C’est le constat de la nouvelle idéologie. Cassandre de tout poil, déclinologues ne cessent d’alerter les autorités françaises sur le recul de la langue française par rapport à la langue de Shakespeare.
Face à ce constat amer, les autorités françaises ont décidé, par le truchement de la francophonie, de revigorer leur langue, en tentant de lui redonner sa gloire déchue. De Boutrous Boutrous Ghali à Abdou Diouf, pour ne citer que ces deux exemples, ce sont toujours les fils des anciennes colonies qui continuent à prendre leur bâton de Pélerin pour promouvoir la langue de Molière.
En réalité, celle-ci ne continuera vraiment à rayonner dans le monde que si la France cesse son hypocrisie. Aujourd’hui, pour maintenir cette langue dans la course, il faut impérativement créer un réseau d’élites. En la matière, seuls les étudiants des anciennes colonies françaises peuvent donner à cette langue son lustre d’antan. Pour ce faire, il faut accorder plus de visas et créer un véritable Erasmus de la langue française.
Jean-Pierre Elkabach, dans une émission d’Europe 1, dont Sarkozy était l’invité, avait dit à ce dernier que « Les pays africains contribuent beaucoup au développement de la langue française ». C’est dire que les deux cents millions qui parlent cette langue, seuls 60 millions se trouvent en Hexagone. Les 140 autres millions se trouvent ailleurs.
Si la France ne trouve pas rapidement une solution à ce problème, sa langue risque même d’être talonnée par le mandarin.
De toutes les façons, la survie d’une langue dépend aussi de la suprématie de la civilisation d’une nation. Or la civilisation française fait de moins en moins de recette dans le monde. De nos jours, la civilisation américaine est telle que, aucune langue ne peut égaler l’anglais. Comme tout est en devenir, phrase empruntée au philosophe Héraclite d’Ephèse, demain ça sera peut être le mandarin qui sera la langue de travail au niveau international, eu égard à la position actuelle de la Chine sur la scène internationale.
Comme les civilisations se succèdent et ne se rassemblent pas depuis l’empire romain, viendra un jour où certaines langues africaines se logeront aux enseignes internationales. Ce n’est pas pour demain. Il faut beaucoup du travail pour arriver à ce stade.
Marigatta WAGUE,
Paris
Source : cridem.org
Note: Info source : Marigatta WAGUE