Les Peul et Toucouleur nomment les Soninké sebbe (singulier ceddo, prononciation tyeddo) avec le signification originelle d' "incroyants", dénomination qui apparaît comme paradoxale pour une ethnie qui revendique une longue ancienneté islamique et dans laquelle l'Islam jouit d'un quasi-monopole.
En fait ce nom nous révèle quee la conversion totale de l'ethnie Soninké a été relativement longue et ne s'est véritablement achevée qu'au cours des siècles les plus récents - en réaction à l'agression coloniale. Ceci est confirmé par des récits que l'inconscient collectif tend à cacher ou à refouler au second plan derrière des légendes exaltant l'unanimité religieuse islamique des Soninko.
En réalité, la plus haute aristocratie a très longtemps refusé la religion islamique - excluant par exemple de son sein les convertis qui montraient un zèle trop évident. De nos jours certaines familles religieuses refusent encore de donner leurs filles en mariage aux membres des familles de sang royal en prétextant leur conversion trop récente, voire suspecte (1 ou 2 siècles seulement). D'un côté les Soninko ont assimilé inconsciemment leur parcours religieux à celui des premières familles islamisées, cette tendance l'ayant finalement emporté; de l'autre, les Peul et Toucouleur ont abusivement assimilé l'ensemble de l'ethnie à son aristocratie dirigeante.
Il faut noter que ce terme ceddo a été repris dans le vocabulaire Wolof pour désigner les mercenaires qui, initialtement au service des différents souverains des royaumes de l'Ouest Sénégalais, prirent de plus en plus d'importance au point d'arbitrer entre les différents prétendants lors des querelles de succession, puis d'exercer finalement la réalité du pouvoir - par périodes - dans ces royaumes. Les historiens ont repris cette appellation en parlant des "royaumes ceddo". Certains ont cru bon de traduire cette expression sous la forme "royaumes Soninké". Cette traduction semble fort contestable car, s'il y a une convergence certaine entre les 2 termes ceddo, l'un du vocabulaire Peul l'autre du vocabulaire Wolof, il n'y a certainement pas d'identité: tous les ceddo au sens Wolof n'étaient sans doute pas ceddo au sens Peul, tous les mercenaires n'étaient pas Soninké. En tout cas s'ils ont été amenés à jouer un rôle politique dans leur pays d'adoption, ce n'est certes pas en tant que Soninké, ce qui aurait impliqué une dépendance ou tout au moins des alliances avec les véritables royaumes Soninké, mais bien en tant que mercenaires assurant l'intérim d'un pouvoir devant la dégénérescence de l'autorité traditionnelle.
Les Bambara, les Malinké et le reste du monde mandingue en général les nomment "Marka", ce qui peut conduire à plusieurs interprétations:
- soit en traduisant "marka" par "conservateur"
- soit, en sollicitant un peu les mots, en traduisant "marka" par "celui qui stocke" ou "l'homme du grenier".
Pour la première interprétation c'est par rapport à conservation de la structure sociale ancienne (système féodal, système de caste etc.). Sur ce point d'ailleurs les Malinké ressemblent beaucoup au Soninké.
L'autre interprétation renvoit à la dépendance au grenier familial les Soninko étant une ethnie de cultivateurs du Sahel.
Il faut remarquer que les Bambara distinguent 3 sortes de Marka:
- le Marka-jé ou Marka blanc
- le Maka-fin ou Marka noir
- le Marka-jalan ou Marka sec.
- le Marka blanc est celui qui est clairement Soninké.
- le Marka noir est celui dont l'habitat est proche du fleuve Niger généralement sur la rive Nord, s'exprime en Bambara mais sait qu'il a des parents ou des origines Soninké.
- Pour le Marka sec je vous laisse faire vos recherches c'est trop long à expliquer
sources: Christian Girier