Ce n'est pas demain la veille du jour où les caisses villageoises seront utilisées pour construire des infrastructures de santé dans nos villages.
Et même pour l'argent qui est utilisé pour rapatrier les corps, si les gens n'avaient pas peur qu'une fois enterrés en France leurs dépouilles mortelles ne soient pas un jour déterrées pour être incinérées, je peux vous dire que même là encore il y aurait eu beaucoup de problèmes.
Pour vous dire, la plupart des villages ont fait la séparation entre la caisse villageoise et la caisse qui s'occupe de rapatrier les coprs (appelée "furun keesi").
Le problème avec les Soninko dans l'immigration, c'est que malgré les grandes mutations que le monde entier a connu, malgré la mondialisation, malgré la nouvelle donne économique, on garde toujours l'objectif premier des premiers migrants, à savoir : travailler pour faire nourrir sa famille restée au pays, sans se soucier de tous les changements qui s’opèrent dans son environnement, ne se focaliser que sur la CONSOMMATION, rien que sur la CONSOMMATION. Aucune autre stratégie.
Dans ces conditions là, vous comprendrez que le village va mal, de mal en mal chaque jour qui passe. Les commerçants étrangers qui viennent au village amassent des millions. S'ils multiplient les prix par 10, ce n'est pas un problème. Les Soninko achèteront. Si des personnes sont gravement malades, ce n'est pas un problème, leurs pères, frères, maris ou oncles, etc. sont en France. Ils enverront de l'argent pour qu'elles aillent se faire soigner à Dakar ou à Bamako. Ainsi va la société Soninké. Aucune stratégie.
Quand des bénévoles se mobilisent 24h/24 dans des projets visant à améliorer les conditions de vie des populations, d'autres diront : "eh xa di o tuumandi !".
Depuis quelques années, les ressortissants de Waoundé établis en Europe ont démarré un projet de mutuelle. L'idée est que les immigrés cotisent pour prendre en charge des ayant-droits restés au bled. Un important organisme de mutuelle (en France) est prêt à aider, mais à condition qu'on ait une liste bien consistante d'individus intéressés par ce projet, ainsi qu'un nombre bien consistant d'ayant-droits pris en charge. Mais pour récolter ces listes, c'est la croix et la bannière.
Je constate que le problème n'est pas simplement chez nous. Dans beaucoup d'autres villages soninké, c'est la même chose.
Que faire ?
Je pense qu'il faut d'abord une vaste campagne de "yaaxe wuñiye" pour qu'enfin tout le monde ouvre ses yeux. Pas besoin d'avoir fait les bancs de l'école pour se réveiller enfin.
Et pour terminer, je pense qu'une bonne campagne de sensibilisation aussi sur les habitudes alimentaires permettra d'éviter pas mal de maladies, surtout cardiovasculaires.