Mon experience à Calais....

[seydou Niang]

Vous pouvez le distribuer dans vos réseaux pour dénoncer cette injutice qui touchent plusieurs personnes dans le monde

Solidarité Seydou Niang - Son témoignage - Notre indignation

Actualité

Seydou Niang,

Responsable du Projet Jokkondiral Diaspora,

ONG Tostan France

Il faut te raser (ta tête est pleine de cheveux)

Je veux partager avec vous l'injustice dont j'ai été victime la semaine dernière. Vous faire part de ma blessure et de ma colère. Dénoncer pour condamner : ces histoires arrivent encore de nos jours, je l'avais lu dans les livres, je l'avais lu dans les journaux, mais je l'ai appris dans ma chair.

Nuit du jeudi 24 au vendredi 25 juin, Calais

Jeudi soir dernier, j'avais hâte de retrouver chez elle, à Londres, ma femme Sarah, enceinte de huit mois. Je suis monté avec impatience dans le bus de nuit Eurolines qui quittait Paris en fin de soirée. Nous avons atteint la frontière française à Calais, vers une heure du matin. Je m'attendais aux questions de routine auxquelles mes aller-retour m'ont habitué ; j'étais loin d'imaginer ce qui allait se passer...

Selon les cinq policiers qui contrôlaient les pièces d'identité, visas et permis de séjour des passagers, le passeport que je leur présentais n'était pas à moi : ils étaient persuadés que les photos figurant sur mes visas n'étaient pas les photos de l'homme qu'ils dévisageaient. J'ai tenté de les convaincre que ces papiers étaient bien les miens. Rien à faire. Ils m'ont fait descendre du bus. Ils ont voulu me faire signer un procès-verbal selon lequel je reconnaissais être en possession de documents illégaux. Je suis resté le plus calme possible mais dans ma tête, ça tournait de plus en plus vite. J'ai lu avec attention le papier qu'on me fourrait dans la main : quand j'ai compris ce que ça signifiait, j'ai refusé avec force.
- « Tu vas partir en garde à vue pour 24 heures, le temps qu'on vérifie tes mensonges ! »
On était passé au tutoiement.
- « Je n'ai pas le choix, faites ce que vous voulez, mais ce passeport est le mien.
- Tu as le droit d'appeler une personne de ta famille en France pour la prévenir.
- Ma femme est en Angleterre, en France j'ai mes collègues...
- Non, non, juste quelqu'un de ta famille. Si tu n'as pas quelqu'un de ta famille en France, signe là. »
On m'a tendu un papier où il était écrit que je ne souhaitais contacter ni mes parents ni mes employeurs. J'ai encore refusé. Je serrais les dents, mon estomac était une boule dure écrasée au fond de mon ventre. Mon cerveau tapait à toute force contre les parois de mon crâne. J'ai pensé très fort à tous ceux qui échouent ici sans connaître un mot de français. On m'a fait passer les mains derrière le dos, on m'a menotté, on m'a installé dans une voiture de police. Dans la nuit humide de Calais, je suis allé en prison pour la première fois de ma vie.
Du fond de la cellule, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Entre des murs insalubres, une chambre de 3 mètres sur 4 : un banc en ciment, des couvertures à l'odeur fétide. Les toilettes, au centre de la pièce, protégées de la vue par une barrière de 50 centimètres de haut, étaient nauséabondes. Dans ce monde-là, les caméras de surveillance traquent le moindre centimètre carré ; depuis le poste de contrôle, la sentinelle peut observer jusqu'aux hommes qui défèquent. Pendant les heures qui ont suivi, je me suis accroché à ma dignité comme à une bouée. J'ai pensé à ma famille, à mes amis, aux gens que j'aime. A mon travail avec Tostan, aux droits humains. A ma venue en Europe. Aux miens au Sénégal, à ma terre du Fouta, à mon village : mais j'ai tout vu, j'ai tout entendu, j'ai tout senti, du fond de la cellule.
Les matins ordinaires, je me réveille à l'odeur chaude du café que fait couler mon colocataire, j'envoie un message à ma femme. Je prépare mon sac pour la journée, je monte dans le RER qui m'amène au centre de Paris.
Mais ce matin-là n'était pas un matin ordinaire ; j'étais en prison. Une main s'est glissée furtivement derrière la porte de ma cage ; on m'a jeté ma nourriture comme on jette sa pitance à un chien.
Ensuite, ce fut l'audition. Cinq policiers, quatre hommes et une femme, ont voulu m'intimider. Perchés sur leurs certitudes, ils éructaient en me toisant ; mais c'étaient eux qui étaient enragés. En vain, j'ai juré sur tous les saints que je leur disais la vérité. Ils ont fait venir un physionomiste qui m'a reconnu sur les photos de mon passeport ; ils n'étaient toujours pas convaincus.
- Si vous étiez des professionnels comme lui, ai-je articulé en direction des policiers, vous auriez reconnu que je suis l'homme qui est en photo sur mon passeport.
- Nous sommes des professionnels, c'est pour ça qu'on sait que ce n'est pas toi.
On m'a traîné dans une pièce adjacente et on m'a photographié sous tous les angles, comme un criminel. J'avais juste envie que ça s'arrête. Au point de leur donner raison, de les laisser m'envoyer au Sénégal, pour que cet enfer se termine. J'étais à bout.
Ils ont fini par appeler un procureur, qui a examiné mon dossier et m'a fait relâcher.
- Ok, on voit que c'est bien toi, m'a lancé la policière. Mais tes photos ne sont pas claires, nous on t'a vu différemment. Ta tête est pleine de cheveux, il faut te raser.
A 11h30, j'étais officiellement libre. J'ai dû repartir dans la pièce infecte où j'avais passé la nuit, le temps qu'arrive la patrouille pour me ramener à la gare. J'ai insisté pour qu'on ne ferme pas la porte derrière moi : j'étais un homme libre. A midi, on m'a déposé à la gare routière de Calais. Je n'avais pas un papier, rien pour prouver ma détention.
- Débrouille-toi pour continuer sur Londres, maintenant.
Londres, j'y suis arrivé tard dans la soirée. J'avais été déclaré disparu par ma femme, folle d'inquiétude : mes collègues à Paris avaient tenté toutes les démarches possibles pour avoir de mes nouvelles. Les policiers anglais, que Sarah avait contactés après plusieurs heures d'attente, avaient appelé leur homologues français de Calais au moment où j'étais en garde à vue, pour leur demander si ils me détenaient : on leur a répondu non.
J'ai été blessé : j'étais révolté. Aujourd'hui, j'ai puisé dans ma colère pour vous raconter cette histoire, une histoire toute simple de dignité bafouée, pour que vous sachiez ce qui peut arriver quand on prend le bus de Paris à Londres et qu'on a la tête pleine de cheveux.
...
L'équipe de Tostan France, ses membres et son conseil d'administration témoignent de leur indignation et de leur solidarité à Seydou Niang, leur collègue et ami.

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[Fodyé Cissé]

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Bonjour Seydou,
Tu as été purement et simplement victime d'un "délit de faciès", c'est à dire de la discrimination pure et dure.

Cela m'attriste beaucoup, d'autant plus que ça a été perpétré par les forces de l'ordre, celles-là même qui sont supposées lutter contre cette forme de racisme.

Malheureusement, chaque jour qui passe, d'autres noirs sont aussi humiliés de la sorte parce qu'ils sont noirs.

Je suis totalement indigné par cette affaire.

Pour eux, ils n'ont rien fait de mal, et je présume qu'ils ne t'ont même pas présenté des excuses.

[seydou Niang]

Bonjour Seydou,
Tu as été purement et simplement victime d'un "délit de faciès", c'est à dire de la discrimination pure et dure.

Cela m'attriste beaucoup, d'autant plus que ça a été perpétré par les forces de l'ordre, celles-là même qui sont supposées lutter contre cette forme de racisme.

Malheureusement, chaque jour qui passe, d'autres noirs sont aussi humiliés de la sorte parce qu'ils sont noirs.

Je suis totalement indigné par cette affaire.

Pour eux, ils n'ont rien fait de mal, et je présume qu'ils ne t'ont même pas présenté des excuses.

Merci Fodye pour cette solidarité!
Effectivement au lieu de me présenter des excuses, ils m'ont juste ramener á la gare et m'ont dit de me débrouiller pour continuer sur Londres...

[makalou]

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Salam

Tout d'abord je compatis à votre malheur.
Une question !

Avez-vous porter plainte ? C'est honteux que des policiers de la République se comportent ainsi... Malheureusement, c'est courant ces abus et ce racisme latent.

[Fodyé Cissé]

Salam

Tout d'abord je compatis à votre malheur.
Une question !

Avez-vous porter plainte ? C'est honteux que des policiers de la République se comportent ainsi... Malheureusement, c'est courant ces abus et ce racisme latent.

Oui, il peut tenter de déposer plainte.
Mais c'est sa parole contre celle des policiers.
Dans son récit, Seydou précise qu'ils ne lui ont donné aucun papier prouvant sa détention. Et quand les policiers anglais ont téléphoné, ils ont répondu qu'ils ne l'ont pas vu, alors qu'ils l'avaient avec eux en garde à vue.

C'est ça qui est grave.
C'est à dire que la police, en France, en 2010, a le droit de garder au chaud des individus en ne fournissant aucune trace de leur détention lorsque ces personnes là seront libérées.

[lass77]

Salam

Tout d'abord je compatis à votre malheur.
Une question !

Avez-vous porter plainte ? C'est honteux que des policiers de la République se comportent ainsi... Malheureusement, c'est courant ces abus et ce racisme latent.

Quelle histoire , tout d'abord nous partageons votre peine . comme l'ont dit certains , ce sont des faits trés fequents auxquels sont victimes les minorités visibles surtout ceux qui ne savent meme pas leurs droits . je crois qu'il y'a abus et humiliations tout simplement , ils s'appelent ça faire leur travail.

[bouks78]

je compatis également à votre douleur frere c'est vraiment triste,désolant et humiliant mm, avec tout ça on nous pète les cerveux ici que la France est le pays de droits de l'homme; fin hamdoulillah puisse que ça aurait pu passer autre choz si t'avais reagi autrement.

[Fodyé Cissé]

Une nuit en cellule parce que sa "tête est pleine de cheveux" | Rue89

[Hadiya WAGUE]

Je compatis très sincèrement à votre douleur

Je vous encourage vous ainsi que votre organisation à vous battre pour que la vérité s'établisse dans cette affaire ne vous décourager surtout pas. Tu as été présenté devant le juge et jugé il existe forcément des traces de ton passage d'autant plus que d'autres éléments sont bien là l'avis du physionomiste qui n'a pas été suivi. L'appel des homologues anglais...

Ne lâches rien comme ils avaient tous les moyens pour vérifier ton identité et ils ont failli raison pour laquelle je t'encourage à aller au bout de ta démarche pour combattre de telle pratique.

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Bonjour,

Très sincèrement, je compatis, cher frère, à ta peine qui est aussi la nôtre. Je suis profondément outré et scandalisé par cette injustice et ce racisme dont tu es victime et qui sont malheureusement devenus une gangrène dans les sociétés occidentales.
Mais comme mes prédécesseurs l'ont dit, il ne faut pas baisser pavillon, il faut aller jusqu'au bout de la procédure, car à force de dire que c'est la police, donc nous ne pouvons rien contre elle, elle va demeurer dans cette façon malsaine de penser que toute personne de couleur est un dealer, un sans-papier, un criminel. Il faut que ce délit de faciès soit puni et que ces contrôles humiliants et insensés cessent. Je ne sais pas, à mon niveau, en quoi je peux t'être utile. Mais, tu peux au moins compter sur mon soutien moral. Bien à toi et tu as toute ma sympathie.