• 12 heures : trente voitures de polices stationnent sur l’avenue de France.
• 18 heures : plus de cent policiers investissent le foyer de travailleurs migrants, 63 rue du Chevaleret. La rue est bloquée, les résidents qui arrivent du travail ne peuvent entrer chez eux. La police refuse de donner d’explication aux résidents et à leurs délégués. Le gestionnaire Adoma est curieusement invisible.
Deux heures plus tard, la rue est toujours bloquée mais l’arrivée de militants du Copaf, du Resf, de Jeudi-Noir, du NPA …, force les policiers à donner une explication : ils ont arrêté des petits revendeurs de « Tours Eiffel » et autres petits objets vendus dans les lieux touristiques en flagrant délit et procèdent à des perquisitions pour retrouver les stocks, à l’aide d’un bélier. Le commissaire du 13ème arrondissement reconnaît avoir interpellé des revendeurs en situation irrégulière, mais assure que les contrôles d’identité n’ont lieu que dans les parties communes du foyer et dans les quelques chambres des « trafiquants ». Il affirme que dans le cadre d’une enquête de flagrance il n’a pas besoin de commission rogatoire pour procéder aux perquisitions.
Pourtant, les résidents qui peuvent sortir du foyer assurent que les policiers pénètrent dans tous les logements et contrôlent l’identité de toutes les personnes présentes. Devant cette contradiction, le commissaire met fin à la discussion. Les policiers pénètrent dans les logements, contrôlent tout le monde, mais n’arrêtent que les marchands. Nous apprenons qu’une dizaine de personnes ont été amenées au dépôt du palais de justice.
Au bout de cinq heures, les résidents ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Les policiers laissent passer les habitants (blancs) de l’immeuble d’à côté mais aucun résident du foyer, même ceux qui ont la jambe plâtrée, ceux qui commencent le travail à 5h ou ceux qui doivent prendre d’urgence des médicaments. 200 résidents attendront près de 6 h sur les marches en face du foyer. A minuit, après l’intervention de Me Winter, avocat des résidents, la situation se débloque et les policiers partent sous les huées et les jets de bouteilles en plastique.
Traiter le foyer en territoire ennemi : un contrôle de petits revendeurs et la perquisition de quelques logements ne justifient pas de bloquer pendant six heures l’accès à un foyer où vivent près de 700 personnes, de pénétrer dans tous les logements et d’y faire des contrôles d’identité.
Même s’il est démontré que la police devait procéder à une enquête sur de dangereux marchands de « Tours Eiffel », même si elle pouvait se prévaloir de cette enquête de flagrance, assortie d’une procédure incidente pour vérifier les titres de séjour, cette façon d’intervenir, de tout bloquer, d’outrepasser le droit, de traiter tous les résidents du foyer comme de dangereux trafiquants, "c’est une logique rasciste, une quasi logique de guerre civile"
En interdisant l’accès de tous les résidents à leur logement, pendant qu’elle autorise l’accès à l’immeuble voisin, la police commet une discrimination manifeste.
En empêchant les travailleurs de manger et de se reposer, et les malades de se soigner, elle montre clairement qu’elle se moque des droits élémentaires de ces travailleurs.
Ces contrôles dans le domicile privé sont illégaux, cette entrave à la circulation est illégale, et le commissaire a enfreint volontairement la loi, afin de stigmatiser encore une fois les travailleurs immigrés, de répondre aux grèves et luttes des sans-papiers, de faire passer ces derniers non pas pour des travailleurs surexploités en lutte pour le droit et la dignité mais pour de dangereux trafiquants.
Nous n’acceptons pas de telles provocations stigmatisant une nouvelle fois les habitants des foyers et les sans-papiers.
Nous considérons la police responsable des violences qui ont fait suite à sa venue car aucune disposition n’a été prise pour dialoguer avec les résidents en colère et fatigués.
Nous demandons une rencontre rapide entre le commissaire, les délégués de résidents, les associations et les élus afin de clarifier la situation.
Associations Copaf (Collectif pour l’Avenir des Foyers), Jeudi Noir, Droit au logement, ...
Collectif Pour l’Avenir des Foyers copaf@copaf.ouvaton.org 8 rue Gustave Rouannet 75018 Paris 06 87 61 29 77
Salam
Franchement y a mieux à faire que d'aller secouer tout un foyer pour un banal trafic de statuettes. A croire que les forces de l'ordre se trompent de cible. De plus, on sait tous d'où viennent ces statuettes... En tout cela ne vient pas de l'Afrique mais de la Chine. Pourquoi ne pas aller inquiéter les grands importateurs.