Salam
L'apprentissage de la religion dans le Gajaaga est à l'image de tous les pays Soninkés. Il y a 3 structures d'enseignement :
- Le Xaralémaxou ( Initiation à l'alphabet et aux sourates du coran ) : C'est la forme la plus traditionnelle. Il commence dés le bas âge à l'age de 5 ou 6 ans. Le plus souvent, il est de moindre envergure. Il se limite au quartier voire le village s'il existe un seul foyer d'enseignement. Généralement c'est la famille de l'imam du quartier qui s'en occupe. C'est ainsi que l'on parle de " Xojé " ( maison du Marabout) , "Modinkanou"...
Tous les parents du quartier voire du village envoient leurs momes chez le marabout du quartier pour suivre l'initiation à l'alphabet, à la lecture du coran voire du tafsir ( traduction ) selon la prouesse des disciples.
Dés fois la réputation du marabout ou de la famille maraboutique permet au Xaralémaxou de prendre une autre envergure. Il dépasse le cadre même du village, de la contrée pour s'internationnaliser. Ainsi on voit des enfants d'autres pays ( Gambie, Mali, Mauritanie , Sénégal ) faire des kilomètres pour aller suivre leur apprentissage du coran, de l'islam.
Dans le Gajaaga, on a vu dans le passé plusieurs jeunes garçons des villages Maliens, Gambiens, Mauritaniens dépasser des frontières pour venir faire leur xaralémaxou chez le marabout de choix de leur parent.
Il faut aussi noter que le choix de l'ecole coranique se fait par les liens d'amitié tissés pendant des années entre les familles mais aussi de la réputation du marabout.
Notez que cette forme de xaralémaxou impose aux jeunes gens venus d'autres contrées de suivre une autre initiation autre que coranique. Je pense à l'initiation en tant qu'homme. Les Xaralémous apprennent à se débrouiller seul, à apprendre le respect et aussi à se forger une personnalité. Cette forme de Xaralémaxou est à dissocier complètement du système " Talibés " des peuls ou des wolofs.
Il existe une autre forme d'éducation religieuse autre que la Xaralémaxou. Cependant il n'est que le prolongement du Xaralémaxou en quelque sorte ou une sorte d'apprentissage plus complet. Cette forme d'éducation religieuse est à l'image des universités. Il s'agit du " Talibaxu".
Généralement ce sont des jeunes xaralémus qui ont grandi et qui veulent augmenter leur science qui s'inscrivent dans ces " Meissi " ou "Moyissi " ( sorte d'univerisités).
Le Meissi est une forme d'université d'education religieuse où l'on parfait ses connaissances religieuses et coraniques. On y fait du Tafsir mais on y étudie d'autres livres telles que les Hadiths...
Généralement , ce sont des marabouts réputés qui s'occupent de cet enseignement religieux. Le talibaxu à l'instar du Xaralémaxu permet de parfaire son éducation religieuse et coranique mais aussi de bien forger une personnalité. On y apprend à être indépendant.
En résumé, les Meissi constituent les universités traditionnelles Soninkés où l'on augmente sa science dans tous les domaines.
Si l'on essaie de caricaturer, le xaralémaxu serait comparable aux écoles primaire et secondaire tandis que le talibaxu serait rien d'autre que l'enseignement universitaire.
Il existe en parrallèle, une autre forme d'éducation religieuse toutefois moderne et importé des pays arabes. Il s'agit du système "Madrassa" ( école coranique moderne ). Ces structures ont le même mode de fontionnement que les écoles modernes à la française avec des diplômes. Ils permettent de passer des examens et à s'exiler dans des pays arabes ( Egypte, Arabie Saoudite, Lybie ...) pour comprendre parfaitement les rouages de la langue arabe. Cette forme d'éducation est celle qui a permis la pénétration du mouvement " Ibadouisme" dans nos contrées. On n'est tous Ibadou rahmane ( Esclave de Dieu ) selon l'entendement général mais ces etudiants venus de l'étranger se démarquent par leur mode d'habillement ( Pantalons courts ) , le croisement des mains pendant la prière, et une large diffusion de la culture arabe.
"Dieu seul détient la science". Je viens de donner un point de vue assez ramassé des structures religieuses de nos contrées, le Gajaaga dans ce cas précis.