Bonsoir
Je tiens d'abord à te féliciter de l'utilisation du terme de "dation du prénom" à la place de baptême que nombre de gens utilisent, alors qu'il a une connotation chrétienne et ne rime pas du tout avec la cérémonie d'imposition, d'attribution ou de dation de prénom en milieu soninké.
Pour revenir à ton sujet, je tiens à noter qu'il est très intéressant. Effectivement, chez les Soninkés, donner le prénom de quelqu'un à son enfant est hautement symbolique. C'est en ce sens que Charles Monteil, parlant des Soninkés, disait qu': « […] Il est d’ailleurs remarquable que […] les enfants prennent parfois, le plus souvent même, le nom de leurs ascendants ou de gens auxquels on veut témoigner respect, affection ou amitié…. »1.
Effectivement, en milieu soninké, on ne donne pas le prénom d’un individu à son enfant sans que cela ne soit motivé par une des raisons suivantes : filiation, sympathie, amitié, respect, reconnaissance, spiritualité, etc. Comme d’autres groupes sociolinguistiques d’Afrique et d’ailleurs, le prénom n’est jamais choisi au hasard en milieu soninké.
Pour répondre au deuxième aspect de ton post, je note là encore qu' il est fréquent de voir les Soninkés, en guise de souvenir, donner en priorité à leurs enfants les prénoms de ceux ou de celles qui n’ont pas laissé de progéniture. Cela, pour qu’ils ne soient pas oubliés dans les généalogies familiales. Car, dans la conception soninkée, on ne doit pas « laisser mourir » un prénom. C'est dire qu'effectivement le fait de donner le prénom de quelqu'un qui est décédé à son enfant est une stratégie qui consiste à garder la mémoire de cette personne défunte. Voilà ma petite contribution. Je peux revenir sur le sujet plus tard, car l'heure du grattage des cartes est bientôt arrivée. See you later.
-----------------------------------------------------------------------
1) C. MONTEIL, « Fin de siècle à Médine (1898-1899) », BIFAN, T. XXVIII, Série B, n° 1-2, 1966, p.87.