Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de renégocier tous les accords de défense de la France en Afrique.
"Tous les chefs d'État concernés ont été informés", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse au Cap, en Afrique du Sud, où il effectue une visite officielle.
"Je parlerai de cette question cet après-midi au Parlement sud-africain", a-t-il dit. "J'annoncerai la renégociation de tous nos accords de défense en Afrique et la publication en toute transparence de la totalité de ces accords", a souligné le chef de l'État.
La France est liée par des accords militaires à une vingtaine de pays, pour la majeure partie en Afrique.
Ces accords sont de deux natures: coopération militaire comme au Tchad et accords de défense stricto sensu, notamment avec le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou le Gabon. Ces derniers permettent une intervention des forces françaises en cas d'attaque contre le pouvoir en place.
"C'est une remise à plat, on remet tout sur la table", a-t-on commenté dans l'entourage du ministre de la Défense, en visite en Suisse jeudi après avoir accompagné Nicolas Sarkozy au Tchad mercredi.
Renégocier ces accords, "c'est un chantier énorme", explique-t-on à l'état major des armées où la déclaration présidentielle a créé la surprise. "Très peu de gens sont dans les tuyaux pour ce genre d'annonce", plaide-t-on de même source.
"COMPLAISANCES"
L'annonce du Cap représente une inflexion de la même importance que le discours de François Mitterrand en juin 1990 devant le 16e sommet franco-africain, souligne une source militaire.
Le président socialiste avait alors fait le lien entre les progrès démocratiques et l'aide de la France.
"Il appartient aux Africains de fixer le rythme de leur évolution. Désormais la France liera ses efforts de contribution à tous les efforts faits pour aller vers plus de liberté", avait-il déclaré devant les chefs d'Etat et de gouvernement.
Lionel Jospin, Premier ministre de coopération de Jacques Chirac, avait ensuite poursuivi sur cette voie, résumant la nouvelle doctrine française en Afrique dans la formule "ni indifférence, ni ingérence".
Dans le même temps, la baisse des dépenses militaires et la professionnalisation de l'armée avaient déjà amené Paris à revoir son dispositif militaire à l'étranger.
Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait affirmé qu'il comptait "tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés" des relations franco-africaines.
Il faut, soulignait le candidat de l'UMP, se "débarrasser des réseaux d'un autre temps, des émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent".
La présence des bases françaises en Afrique "est de moins en moins bien comprise par la jeunesse africaine", avait-il déclaré en février 2007, prônant un transfert progressif de la gestion des crises vers l'Union africaine.