Le samedi 17 octobre dernier, il faisait 13° à Montreuil mais la salle des fêtes de la mairie était pleine à craquer, du rez-de-chaussée au 1er étage. Les Soninké de France s’y étaient donnés rendez-vous pour introniser leur chef en la personne de Massalé Doucouré de Diafounou.
Placée sous le parrainage de Mme Djénéba Kéita, 2è adjointe du maire de Montreuil, l’intronisation de Massalé Setan Doucouré, chef coutumier des Soninké de France 2015/2016, s’est déroulée en présence du maire de Montreuil Patrick Bessac et du député Ramzy Hamadi – côté français – de Diadié Soumaré, président du Festival international soninké (FISO), et de Séga Doucouré, venu spécialement de Bamako pour la circonstance. Une vingtaine de « pays Soninké » (à ne faut confondre avec les États, ces « pays Soninké » sont par exemple Guidimaka, Kingui, Diafounou, Guidimé, Kaarta …) ont été invités à cette grande cérémonie qui a mobilisé les Soninké de six Etats africains plus la France : Mali, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Conakry et Guinée-Bissau.
A Paris, dans le cadre de leur Festival international, les Soninké font l’honneur au représentant de l’un des « pays Soninké » de l’introniser comme chef traditionnel de tous les Soninké de France pour la période biannuelle qui sépare une édition de l’autre. C’est donc une sorte de présidence tournante. C’est ainsi que le Diafounou, un des quatre cantons de Yélimané (avec Kagnaga, Tringa, Guidimé), a été choisi.
Pourquoi Massalé Doucouré ? Il détient deux casquettes : celle de chef des quatre cantons de Yélimané et celle du Diafounou. Le chef coutumier des Soninké de France est né en 1956 à Tambacara et a fréquenté l’école coranique pendant trois ans. Il est marié et père de sept enfants. Cet artisan-taxi qui vit en France depuis décembre 1974 doit d’avoir été choisi à son sérieux et son intégrité morale et surtout son humanisme. Il a pour ambition déclarée de rehausser l’image du Soninké à travers le monde car, dit-il, « un peuple qui ne se retrouve pas dans sa culture est un peuple qui est menacé à terme ».
En France, la chefferie tournante entre les Doucouré de Tambacara et les Doucouré de Gory revient traditionnellement à la personne la plus âgée des deux villages. Depuis 2012, le doyen vient de Tambacara et, du coup, assure la chefferie de Diafounou. « Cependant, cet accord qui date de 1985 et ne concerne que les seuls ressortissants du Diafounou de France, constitue, à la fois, un cas spécifique et une exception dans les annales de notre histoire commune. Celle du Diafounou », souligne Moussa Doucouré.
A ce propos, précise Médikoulé Doucouré : « En France, on a simplifié le mode de désignation, vu que nous sommes des frères. On a partagé la chefferie, une sorte de démocratie locale qui ne vaut que pour les ressortissants en France ».
La cérémonie du 17 octobre fait suite à trois autres éditions : deux se déroulées à Kayes en 2010 et 2011 et une en Mauritanie en 2013, a rappelé Boro Doucouré. L’intronisation de Massalé Doucouré de Diafounou a été précédée de nombreux discours et s’est achevée par les prestations musicales d’artistes soninké.
Correspondance particulière
Ely DICKO, MaliActu.net
Crédit Photo: Silman Soumaré