Vient de paraître, aux éditions L'Harmattan, Soogofunsu Grains de millet, un livre bilingue Sooninke-Français de Thierno Mohamadou Tandia.
N sugi konbe ya, yinbe J’ai tété un sein brûlant
N marenxanannen yan janbe Ma parente amie a trahi
N ro do takko do jibe jenbe J’ai accompagné Takko et Jibe au son du jenbe
N kallu kuuñindanxote, sanbe Ma belle-mère a salué avec la chaleur du sanbe
N kiŋun suwon sefe, jabe Mon brasier d’acacia pétille de mille étincelles
N suwon xamon toxo, sobe Les cendres de mon foyer sont restées dans l’antre
O da maama ya mugu, senbe Nous avons entendu la puissante voix de Maama
Maamayaate ya mugu, Yinbe Entendu la voix de Maamayaate le lion, le feu.
Soogofunsu augure une nouvelle ère du Xaransuuge. Cette poésie sooninke d’inspiration personnelle sort du champ traditionnel en investissant des thèmes divers, en donnant la liberté au sefe (parole, verbe) à travers l’écriture allant de l’idylle à l’héroïque, en permettant aux droits de la femme et des minorités d’être exprimés et en invitant l’histoire et la géographie, entre autres disciplines, pour aider à consolider le meilleur vivre ensemble rudement éprouvé par le déni, le racisme et la stigmatisation. Grains de millet est donc une invite dans l’imaginaire « chassant le gibier pour reprendre des forces avec lesquelles la bauhinia remonte la sève ». Il s’agit, à travers ce texte, des parallèles à une réalité où l’on se côtoie tout en s’ignorant pour mieux se préserver à cause de la peur de l’autre et de l’inconnu, attitude qui pousse très souvent à l’enfermement, alors que : an sondonmen wasa (dénoue ton cœur), consiste à s’accepter, et à accepter l’autre comme une richesse et un alter ego et non comme un ennemi.