Véritable référence en matière de musique africaine, les frères Ismaïla et Sixu Touré ont débuté la carrière qu’on leur connaît en 1977 et ont porté leur bonne parole aux quatre coins de la planète, engrangeant leur lot de récompenses et de succès au fil des ans et des albums de façon très régulière. Précurseurs de la world music bien avant l’heure, ces natifs de Casamance, benjamins d’une famille de cordonniers, consacreront leurs vies à un afro-rock partagé entre tradition et modernité mais aussi entre acoustique et électrique et subiront les affres du sort en perdant leur frère aîné Amadou, qui les avait initiés à la musique, lors d’un concert en 1983.
Rejointe un peu plus tard par le jeune frère Ousmane, la famille éléphant enregistrait un album live lors de sa tournée africaine de décembre 83 et janvier 84 et entrait définitivement dans l’histoire de la musique grâce à une douzaine de titres qui se voient aujourd’hui réédités, à l’image de tout le catalogue des Sénégalais, pour célébrer les trente ans du groupe … L’occasion rêvée de les retrouver en digipacks remasterisés mais aussi en téléchargement légal !
Régal de percussions mais aussi de flûtes, de claviers et de guitares, la musique de Touré Kunda puise dans divers dialectes africains pour imager ses compositions et l’on y retrouve aussi bien du Mandingue que du Soninké, du Poulaar ou du Diola. Engagés, les Touré le sont depuis toujours et si leurs chansons n’évoquaient pas à l’époque de l’enregistrement le naufrage du Joola, le bateau assurant la liaison entre Ziguinchor et Dakar n’ayant sombré qu’en 2002, les textes faisaient déjà régulièrement honneur aux défenseurs de l’Afrique, aux aînés, aux frayeurs et aux croyances ancestrales.
Partagé entre l’espoir, les traditions et le respect, « Paris-Ziguinchor » nous ressort les intemporels « Baounane », « Africa Lelly », « Courrier », « Sambala » et « E’mma » et laisse un formidable espace aux harmonies, le vent de l’occident soufflant déjà à l’époque de façon indiscutable sur le sable brûlant de l’Afrique. On y remarque la précision de la guitare qui ne se contente pas de suivre le rythme mais qui lui donne au contraire une toute autre couleur, le grain des voix très complémentaires qui se distinguent non seulement dans les incantations mais aussi dans les chants plus classiques … Le live n’a pas pris une ride plus de vingt ans après et c’est avec toujours le même plaisir que l’on retrouve Touré Kunda à un des tournants les plus importants de sa carrière. A (re-)découvrir à partir du 27 novembre …
Live Paris-Ziguinchor
(Wagram – 2006)
Durée 73’53 – 12 Titres
Source :
http://www.zicazic.com/zicazine/index.php?option=content&task=view&id=4266