Notre objectif dans cette brève réflexion n’est nullement de donner une étude exhaustive de l’origine des Soninké. Ce sujet pourrait, de fait, faire l’objet d’une recherche beaucoup plus large et complète pouvant permettre aux lecteurs -chercheurs d’avoir une connaissance plus ou moins suffisante dans ce domaine. Ici il s’agit donc de donner une idée, un aperçu à travers quelques versions que nous avons arbitrairement retenues pour étayer notre propos. A la fin de cet article, nous donnerons une indication bibliographique sommaire à l’intention de celles / ceux qui désireraient approfondir la réflexion.
En effet, les versions faisant état de l’origine des Soninké sont légion.
1. Dans leur ouvrage intitulé L’Empire du Ghana, le Wagadou et les traditions du Yéréré, Germaine DIETERLEN et Diara SYLLA affirment que « Dinga, ancêtre mythique des Soninké, dit Kare (ancien, patriarche) est né en Egypte à Sonna, nom que les Soninké donnaient à Assouan. » Ce qui pourrait signifier à notre avis que les Soninké seraient originaires de la Haute Egypte, dans une région appelée Sonni, et, dans ce cas précis, le terme de Soninké signifierait habitant de Sonni ;
3. De l’avis de Quintin, les Soninké appartenaient tous à l’ethnie Songhay. Au début, ils ne formaient qu’une branche de dynastie, les Sonni, mais, lorsque celle–ci fut chassée du pouvoir à Gao par l’Askia Mohammad en 1493, de nombreux partisans appartenant aux principales familles de l’ancienne monarchie, les Bakiri et les Dyawara, entre autres, émigrèrent avec elle, et le nom de soninké (ceux de Sonni) désigna bientôt toutes les familles fugitives. Les Sonni étaient d’origine étrangère, probablement berbère, ce qui expliquerait le teint clair des Soninké. Cette hypothèse fut combattue dès 1885 par Tautin .
4. Une autre explication, qui n’a pas donné lieu à grand commentaire, fait venir le nom de Soninké de leur ancien interdit alimentaire, qui portait sur le lamantin, sonni en leur langue .
5. Charles Monteil a de son côté identifié ce nom avec des Zenaga, écrit Sanhadja par les auteurs arabes. Cette hypothèse fut à son tour combattue par Maurice Delafosse en ces termes : d’abord il serait étonnant que, si les deux noms étaient identiques, les Maures eussent conservé la forme Zenaga pour désigner les Berbères vivant à côté d’eux et adopté une autre forme, Assouanik, pour désigner les Soninké ; ensuite il y a entre les deux noms des différences phonétiques réelles, particulièrement en ce qui concerne la première voyelle, laquelle a toujours été écrite « a »et prononcée « a »ou « é » par les Arabes dans le nom de Zenaga (Sanhadja, Sanaga, Zenaga), tandis qu’elle est nettement « o » ou « ou » dans Soninké.
Bibliographie
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-BOYER, G. Un peuple de l'ouest africain : les Diawara, mémoire n° 29, IFAN, 1953
-CLAUDE. Meillassaux et L. Doucouré, La légende de la dispersion des Kusa (épopée soninké), IFAN, 1967
-CHARLES. Monteil, « La légende de Wagadou », in Bulletin de L’IFAN, n° 1- 2 Janv. Avril 1967
-E. Pollet et G. Winter, Les Soninkés, Ed. Université de Bruxelles, 1971
-DIAWARA, Mamadou, La graine de la parole, F. Steiner Suttgar, 1990
-CLAUDE Meillassaux, La légende de Wagadou, l'origine des Soninkés n° 23, IFAN, 1953
-CHARLES. Monteil, Mélanges soninké,
BATHILY. A., Lexique soninké (Sarakolé)- français
-MAURICE. Delafosse, Haut Sénégal- Niger, Maisonneuve et Larose
-Qui sommes- nous, les Soninkés, Orature n°1
-FOFANA, Samba, Structure et dynamique socio- politique en milieu soninké, mémoire de Maîtrise, université de Nouakchott, 2004
-TANDIA, K. Aliou, Poésie orale et éducation traditionnelle, Dakar, NEA, 1999
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