Le XVe siècle marque une véritable césure dans le flux des sources et des témoignages historiques. En effet, à partir de cette date, le document européen fait son apparition au détriment des sources arabes exclusivement présents jusque là dans le champ du témoignage historique. Ce changement dans la nature et la provenance des matériaux écrits est lié à la mutation survenue dans le destin du continent.
Le XVe siècle, comme on le sait, est le siècle de l’expansion européenne en direction de l’Afrique et du reste du monde. Les Portugais font leur apparition en 1434 sur les côtes d’Afrique noire, après avoir franchi le cap bojador. En 1471, ils sont présents à Shama, dix années plus tard, ils sont implantés solidement à El Mina pour deux siècles environ. En 1485, ils atteignent l’embouchure du Rio Zaïre. La caravelle triomphe alors de la caravane, et l’Afrique noire, « définitivement arrachée au Maghreb (...) bascule sans retour sur l’Océan » [1].
La présence européenne sur les côtes entraîne rapidement la production d’œuvres littéraires de nature extrêmement variées, qui constituent aujourd’hui des matériaux précieux pour l’historien africain. La qualité de ces documents qui peuvent être classés en deux grandes catégories : sources narratives et sources d’archives [2], laisse quelquefois à désirer. Mais il n’empêche qu’ils sont aujourd’hui d’un secours inestimable pour le spécialiste de cette période.
Notes :
[1] P. Chaunu, L’expansion européenne du XIIe au XVe siècle, Nouvelle Clio, Paris, 1969, 396p.
[2] Nous n’examinons dans ces pages que les sources narratives ; les sources d’archives n’ayant pas fait l’objet de publication, demeurent dans leur grande majorité, inexploitées.
Source : histoire-afrique.org