« Nous n'avons pas d'armes, mais nous avons le dialogue. »
Comme tous les jours, Ludovic, Samia, Awa et Suzanne, vêtus d'un sweat violet, montent dans le RER D à la gare de Corbeil-Essonnes, direction Vigneux-sur-Seine via Evry et Grigny. Soit le tronçon réputé le plus dangereux du réseau.
Pourtant, les quatre médiateurs ont le sourire aux lèvres. Eux, contrairement à la Suge (la police ferroviaire), disent ne jamais avoir rencontré de réelles difficultés avec des usagers turbulents. « Les jeunes commencent à nous connaître, ils nous disent bonjour », raconte Awa, qui a sa technique bien à elle pour les convaincre de ne plus mettre les pieds sur les banquettes : « L'amende est de 45 euros. Je leur dis de les garder pour s'acheter des baskets. En général, ça marche, ils enlèvent les pieds, raconte celle qui n'est pas dupe sur le fait qu'ils les remettent dès qu'elle a le dos tourné. A force, le message entre quand même. »
En gare d'Evry-Genopole, deux jeunes bloquent une entrée. Suzanne, petit bout de femme, va les voir pour leur demander de s'éloigner. « Merci tata », répond l'un deux, sagement. « L'équipe parle couramment le wolof, le sérère, le bambara, le swahili, le lingala ou encore le soninké. Ça aide énormément », confie la médiatrice d'origine congolaise. A Evry-Courcouronnes, un groupe chahute devant un escalier. Ludovic s'y colle : « Salut les jeunes, ça serait sympa de laisser un peu de place... » La bande obtempère aussitôt. Sylvain, l'un d'entre eux, réagit : « C'est bien ce qu'ils font. Surtout parce qu'ils n'ont pas le droit de mettre des amendes. » Un autre se renseigne : il voudrait bien faire médiateur durant les vacances.
Plus loin, un jeune homme enjambe le tourniquet : « Beau saut ! », lui lance ironiquement Suzanne. « Nous les sensibilisons, mais s'ils décident quand même de frauder, ils prennent leurs responsabilités. » W
A. S
Source : http://www.20minutes.fr